Les 5 points à retenir de la conférence de NKM

Pascal Legrand - http://www.flickr.com/photos/nk_m/sets/72157637664931506/
Nathalie Kosciusko-Morizet dans l’amphithéâtre Boutmy le 13 novembre 2013

Nathalie Kosciusko-Morizet était hier soir invitée par l’UMP SciencesPo dans l’amphithéâtre Boutmy.  Ancienne ministre de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, actuelle députée de l’Essonne et candidate à la mairie de Paris,  elle donnait une conférence intitulée « Quelle droite pour demain ? ».

La Peniche a récapitulé les 5 points essentiels de son intervention, pour toi, mauvais sciencepiste qui contrairement à ce que tout étudiant de la Rue St Guillaume devrait faire naturellement (d’autant que tu l’avais promis à ton oral), n’est pas passionné par la politique, ne petit déjeune pas devant les replays de C dans l’air et préfère franchement aller aux cafés concerts du BDA qu’assister à un meeting d’Anne Hidalgo.

 

1. A Sciences Po, NKM n’arrivait pas en terrain conquis

NKM n’était pas forcément la bienvenue en plein cœur de ce véritable bastion ouvriériste que constitue le 7ème arrondissement, ce dernier ilot d’authentiques et irréductibles prolétaires qui résistent avec ardeur contre la gentrification  et où la classe populaire avait plébiscité avec près de 71% des suffrages Nicolas Sarkozy au deuxième tour des dernières élections présidentielles.

Plus sérieusement ;  dans une école où avouer sa fibre copeiste est aussi mal vu que faire son coming out en plein conclave, la candidate UMP à la mairie de Paris n’arrivait pas forcément en terrain conquis, d’autant qu’elle n’a pas forcément de très bons souvenirs à Sciences Po.

En avril 2012, pendant la campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy lui avait délégué le soin de venir visiter notre charmant et hospitalier IEP dans le cadre du forum ELLE, qui avait invité l’ensemble des candidats à la présidentielle (oui, oui, même Nathalie Arthaud). NKM -qui était alors la porte-parole de la campagne du président sortant- n’avait pu rester qu’une dizaine de minutes, le temps d’essuyer de nombreux quolibets, une intervention sauvage de quelques féministes émoustillées du collectif « La Barbe »  et de dénoncer le « traquenard » dont elle avait été victime en amphi Boutmy.

Hier soir, les retrouvailles ont été moins conflictuelles sans être vraiment chaleureuses, malgré un applaudissement inexpliqué soudain venu tout droit des premiers rangs UMPistes après une question sur les rythmes scolaires. La candidate à la mairie de Paris a dû faire face à quelques questions peu cordiales, notamment celle posée par une responsable de l’UNEF  insinuant que le financement du projet qu’elle défendait ne pouvait pas conduire aux baisses des dépenses publiques promises sans « payer les fonctionnaires comme des esclaves ».

 

2. NKM n’est pas venue pour parler d’autre chose que des municipales

NKM était clairement venue dans l’optique de faire campagne : pas question de disserter longtemps sur d’ataviques querelles idéologiques et conceptuelles concernant l’avenir de la droite en France sans digresser abondamment sur la mairie de Paris. Dès les cinq premières minutes, elle glisse non sans sous-entendu en évoquant la politique locale qu’elle «espère qu’on y viendra tout à l’heure ».

Avant que le modérateur de l’UMP affublé de sa plus belle cravate bleue du dimanche ne daigne (enfin !) lui poser une question à ce sujet aux alentours de 20h (une heure sans faire campagne, c’est long), NKM avait tout de même réussi à rebondir sur une question relative aux transferts de souveraineté pour ….. parler de son projet pour les municipales. Même la question portant sur le travail dominical fut l’occasion de dénoncer le préjudice subi pour l’industrie touristique parisienne.

La question qui a clos le débat fut un aperçu parfait de l’optique dans laquelle NKM a abordé la conférence : interrogée sur sa volonté de s’imposer comme une troisième voie à l’UMP et d’éventuellement créer un nouveau parti pour damer le pion à Fillon et Copé, NKM répondit que sa campagne municipale parisienne peut en fait être vue comme une manière de créer justement un mouvement alternatif, indépendant de l’UMP. La boucle était bouclée et le leitmotiv bien assumé.

 

3. Le projet dont vous êtes le héros

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NKM en plein discours en Boutmy

Par conséquent, NKM a largement eu le temps d’exposer son projet dévoilé il y a tout juste dix jours, non sans abuser d’un certain nombre d’éléments de langage aux relents légèrement américains tels que «Paris est la ville qui doit vous aider à conquérir votre rêve » ou « mon projet est un projet dont les parisiens sont les héros ». Qu’est-ce que c’est beau.

Après une brève rétrospective sur le sens que représente en France le fait de « monter à Paris » (l’occasion d’expliquer que monter à Paris était source d’espoir dans le temps pour « les provinciaux qui avaient faim », une réplique saluée par les Fils d’Arcueil), NKM a pris le temps d’exposer les grandes lignes de son projet (que vous pouviez consulter en détail dans les tracts distribués par l’UMP à la sortie), notamment concernant son projet de couverture du périphérique.

Elle a ainsi  eu l’occasion d’expliquer le fait que Paris s’était agrandi par étapes, en débordant de ses murailles successives et que le périphérique s’inscrivait ainsi dans la continuité des précédentes enceintes parisiennes comme le mur des fermiers généraux ou celui de Philippe Auguste. La perspective de dépasser cette frontière du périphérique est clairement le projet phare de long terme de NKM, qui a insisté sur sa détermination à franchir cette nouvelle barrière, d’abolir cette frontière physique pour grandir, comme Paris l’a fait par le passé à l’image d’Haussmann franchissant l’enceinte du mur des fermiers généraux en 1860.

 

4. Face à la droitisation, l’impossible numéro d’équilibriste

Égérie d’une droite qui ne se reconnaît pas dans la croisade décomplexée menée par J-F Copé pour la défense des pains au chocolat, NKM a évidemment été interrogée sur sa place dans la droite actuelle et sur son positionnement face à la droitisation de l’UMP. Au fond, l’essentiel était de se demander comment NKM -arrière-petite-fille d’André Morizet, membre fondateur du Parti Communiste Français, mariée à un ancien maire socialiste de l’Isère- pouvait continuer à cohabiter avec la Droite forte alors que sa sensibilité la pousserait plus naturellement à rejoindre les rangs de l’UDI : a-t-elle réellement plus de points communs avec Lionnel Luca et Guillaume Peltier que Chantal Jouanno ?

NKM a préféré éluder la question, admettant toutefois avoir regardé avec intérêt le mariage entre l’UDI et le MoDem et affirmant qu’à « d’autres moments de l’Histoireelle n’aurait pas été de droite ». Au risque de choquer son propre camp, elle a même admis apprécier les tweets de la socialiste Michèle Delaunay. Au final, l’ancienne ministre de l’Ecologie s’est contentée d’assurer que si la droite traversait une période difficile, tout cela était naturel car il ne s’agissait au fond que d’une  recomposition post-défaite et qu’elle avait dès lors toute sa place à l’UMP tant que la limite de la « compromission avec le Front National » n’était pas franchie.

 

5. Le couple franco-allemand, la potion magique européenne

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NKM face aux étudiants

Interrogée à deux reprises sur les questions européennes et ainsi invitée à trancher entre les tendances fédéraliste et souverainiste qui cohabitent tant bien que mal à l’UMP, NKM a soigneusement botté en touche et peut-être donné une indication en vue de la campagne électorale de l’UMP pour les échéances européennes de juin prochain. La campagne s’annonce en effet délicate pour un parti où cohabitent des fédéralistes convaincus comme Bruno Le Maire ou Michel Barnier et d’authentiques souverainistes eurosceptiques du courant de la Droite Forte. La recherche du plus grand dénominateur commun -indispensable à la bonne tenue de la campagne- pourrait avoir été trouvée avec la thématique du renforcement du couple franco-allemand.

C’est en tout cas le discours développé ad nauseam hier par NKM : « l’avenir de l’UE passe par une refondation du couple franco-allemand autour du droit du travail et de la fiscalité ». Elle a réclamé des politiques plus fondamentales avec les allemands qui permettraient de reconstruire « des forces d’attraction, des forces centrifuges » pour tous les pays de l’Union : c’est « l’association de deux personnalités » qui sauvera l’Europe. Force d’avouer qu’il n’est pas malhabile de se rappeler au bon souvenir de « Merkozy » quand les relations entre François Hollande et Angela Merkel ne sont pas au beau fixe …

 

Au final, invitée pour parler de l’avenir de la Droite, NKM a donc surtout profité de ces retrouvailles avec l’amphithéâtre Boutmy pour enfiler le costume de candidate à la mairie de Paris : à quand la venue d’Anne Hidalgo pour lancer la campagne des  municipales à SciencesPo ?

7 Comments

  • Barney

    Merci Lepointculture, j’ai cru devenir fou quand elle a répété 10 fois centrifuge en faisant un geste centripète avec les mains… Ca et ses problèmes de ticket de métro, a croire qu’elle a oublié toute sa formation de l’X !

  • Lepointculture

    Dans le dernier paragraphe, NKM parle « de forces d’attraction, de forces centrifuges ». Or « centrifuge » veut dire « du centre vers la périphérie » soit tout le contraire d’attraction. Elle confond avec « centripète », enfin après ses imprécisions sur le métro et les bus, on n’est plus à une bourde près…

  • Alex Baptiste Joubert

    « que vous pouviez consulter en détail dans les tracts distribués par l’UMP à la sortie » –> Je persiste et signe, il y avait un stand UMP en Péniche avec des tracts à la fin de la conférence : j’en ai même récupéré deux, par intérêt (comme quoi, je suis très loin d’être un anti-UMPiste).

    « apprécier les tweets de Michèle Delaunay » –> Je persiste et signe à nouveau. Elle a en effet dit que M.Delaunay avait été formé grâce aux ateliers numériques mais également que tout en étant parfois en désaccord avec elle, elle appréciait son activité sur le réseau social.

    « aux relents américains » –> Non pas du tout, c’est simplement une certaine façon de faire de la politique, qui est moins portée sur des considérations idéologiques, de fond.

    « un applaudissement inexpliqué soudain venu tout droit des premiers rangs UMPistes après une question sur les rythmes scolaires » –> Les applaudissements semblaient étrangement coordonnés. Idem pour l’UNEF, je te l’accorde.

  • Lepointvérité

    ça faisait longtemps qu’on avait pas vu un article aussi orienté, quelques points parmi d’autres:

    « que vous pouviez consulter en détail dans les tracts distribués par l’UMP à la sortie »
    =>C’est factuellement faux. Aucun tract n’était distribué à la sortie, tout le monde pourra le vérifier auprès de n’importe qui, il n’y avait même plus de table d’aucune association.

    « apprécier les tweets de Michèle Delaunay »
    => Elle a dit que Mme Delaunay avait appris à tweeter grâce aux ateliers numériques 2.0, pas qu’elle appréciait ses tweets

    « aux relents américains »
    => en fait prendre un accent américain c’est un peu être nazi, raciste, ou un truc comme ça?

    « un applaudissement inexpliqué soudain venu tout droit des premiers rangs UMPistes après une question sur les rythmes scolaires »
    =>Tu es de mauvaise foi, de plus c’était sur les dépenses de fonctionnement pour Paris et la salle avait applaudi de manière tout aussi « inexpliquée » la question d’une fille de l’UNEF 5 minutes auparavant.

    Bref, ton article est truffé d’inexactitudes mais tu écris assez bien. Fais mieux la prochaine fois!
    Bonne soirée