Le Marcel Gate – ou pourquoi il a quitté Sciences Po

Voilà bien des années déjà que la boule de poils hante les murs de Sciences Po sans que personne ne sache ni son nom véritable, ni son pedigree. La bête va et vient en cours magistral et en conférence de méthode sans qu’aucune loi ne puisse l’en dissuader, et ce pour le plus grand bonheur des étudiants (et le plus grand embarras des enseignants,  qui sont un peu fatigués de voir les sciencepistes passer la séance à mettre un chat sur Instagram).

Récemment, pourtant, Marcel s’est retrouvé au cœur d’un débat inattendu, causant une amorce de guerre entre ses fans et l’administration. Retour sur l’affaire de l’année: le Marcel Gate.

Le lancement du Marcel Signal.

L’affaire commence au début du mois d’octobre. Une cagnotte est lancée par des employées de Sciences Po afin de financer les soins médicaux dont Marcel aurait urgemment besoin. La nouvelle choque et déçoit les étudiants qui, très attachés à l’animal, souffrent d’apprendre la nouvelle: la mascotte est malade. Un grand élan de générosité s’empare du campus, et employés comme élèves mettent la main à la poche. C’est plus de l’équivalent d’un SMIC qui est récolté, bien plus que ce qui serait nécessaire pour régler la question. Tandis que les uns contribuent, les autres sont visiblement réfractaires ou simplement amusés par la situation. Le schisme est présent et les clivages entre les groupes sont aussi évidents que les différences entre partis politiques à l’heure des présidentielles.

C’est la guerre…

La peine serre les petits cœurs de Sciences Po, mais c’est aussi la colère qui fait serrer les poings. Comment se fait-il que la chatte, emblème, argument marketing de choix de l’école qui l’affiche fièrement sur les réseaux sociaux, ait été retrouvée maigre comme un clou et visiblement aussi affamée que malade? Il n’y aurait donc personne pour s’occuper de Marcel pendant les vacances d’été et d’hiver ? Mais que fait la police ?!

Le cas de Marcel est complexe: si elle est effectivement étudiante de longue date à Sciences Po (à ce stade elle a déjà graduate si vous voulez mon avis), elle appartiendrait en fait à un.e voisin.e de la rue de l’Université et ne relèverait pas réellement de la responsabilité de l’école. Bien que la belle dispose d’une panière au 13U, de croquettes et d’eau gracieusement offertes par des employés (pour le coup Sciences Po n’est pas le grand méchant de l’histoire), ainsi que d’un accès illimité à nos goûters, elle ne nous appartient officiellement pas. ET POURTANT… elle apparait dans les publications de l’administration comme LE chat de Sciences Po. N’étant pas rémunérée dans sa fonction d’influenceuse, ne mérite-t-elle pas à minima une situation décente au sein de sa deuxième maison?

Un happy end digne d’un film français feel good.

Très vite, l’aide s’organise de façon concrète, une opération « Sauver Marcel » est mise en place sur le groupe Facebook « Mobilisation pour Marcel ».

Le 7 octobre, les initiatrices de la cagnotte et une certaine Z.M capturent Marcel et l’emmènent faire un petit checkup chez le docteur. Diagnostic: notre mascotte va bien, mais pas trop ! Elle souffre d’une gingivite qui l’empêche de manger normalement. Au programme : antibiotiques et repos. Marcel regagne le 13U en attendant le prochain élément perturbateur de son épopée.

Le 21 octobre: kidnappée par les plus ultras de ses fans, notre petite Grumpy Cat locale vit dans la crainte. Où l’emmènent ces foutus enfants ?

Le 21 octobre, soir: Marcel découvre son nouvel AirBnB, l’appartement de Zoé, alumna de Sciences Po Paris. Apparemment, ses ravisseurs auraient prévu de l’emmener chez le tortionnaire dès le lendemain, la nuit fut longue…

22 octobre : Le tortionnaire a un diplôme, sur la porte le nom de sa fonction: vétérinaire.

Détartrage sous anesthésie locale, puçage et ré-hydratation, cette fois Marcel reste au AirBnB pour au moins une semaine de plus. La coquine aurait réussi à ne pas prendre ses antibiotiques alors qu’elle était au 13U, c’est donc Zoé qui va s’occuper de sa santé pour quelques jours de plus. 

Le 6 novembre: Marcel va mieux, mais son état de santé précaire la pousse à faire un choix. Elle décide de quitter Sciences Po. Aucun maitre ne la réclame depuis le début de sa convalescence, Marcel n’a pas de famille hors des murs de Sciences Po, nous sommes sa seule maison et elle nous quitte. Adieu le 13U, bonjour la vie de retraitée dans une nouvelle famille. Elle a cependant tenu à vous laisser un mot:

Chères petites souris,

Je vous écris de ma nouvelle maison, depuis l’accoudoir de mon canapé favori, alors que les derniers rayons de soleil du mois me caressent les poils. Certains m’ont cherchée, je le sais, allant jusqu’à se rendre en cours à 8h ou à 21h pour m’apercevoir. Sachez que vous me manquez aussi. Les siestes toujours interrompues par vos caresses, le service de nourriture quatre étoiles sur simple miaulement et l’éducation auprès des meilleurs enseignants non allergiques possibles, vont me manquer aussi.

J’ai le ronron faible rien que d’y penser, mais, mes enfants, c’est un adieu que je vous fais. Je ne reviendrai plus hanter vos couloirs et tyranniser vos professeurs. Je suis d’une vieillesse qui ne se cache plus et chaque hiver, chaque été à errer seule me le rappelle. Ni enfants, ni compagnons ; la vie que j’avais, elle était pour vous, mes petits.

J’en ai vu arriver beaucoup et je regrette de ne pas pouvoir voir arriver les autres, parlez-leur de moi comme d’une légende.

Je vous aime.

Patounes et Panières,

Marcel.

PS: Si je vous manque beaucoup trop, vous pouvez toujours adopter un ou plusieurs membres de mon crew ! L’association Felis-Cité accueille tous les jours de nouveaux pensionnaires qui comme moi seraient ravis de trouver un foyer pour toujours ! Ils sont joignables au +33622990205 !