Elections syndicales 2014 : large succès pour l’UNEF, le MET se console

resultats

Une large victoire pour l’UNEF

71% des voix au Conseil de Direction, 69% à la Commission Paritaire : ces élections syndicales sont un vrai succès pour l’UNEF. C’est un véritable plébiscite pour le syndicat majoritaire qui obtient ainsi son meilleur score en dix ans, exception faite de la performance chiraquienne réalisée l’an passé (76% des voix). L’UNEF conserve ainsi ses sept sièges au conseil de direction et en garde 6 sur les 7 qu’il avait gagnés l’an dernier à la commission paritaire.

Pour Paul Bernardet, le leader comblé de l’UNEF que nous avons interrogé à la sortie des locaux de SciencesPo Avenir où avait lieu le dépouillement, « le réflexe des étudiants a été de voter pour le syndicat qui les défend au quotidien. Ce qui fait qu’on a fait 70% c’est qu’on a prouvé notre efficacité. » « Face à un tel paysage syndical, face à Solidaires, face à l’UNI-MET, faire un tel score, c’est fort » ajoute-t-il.

Par ailleurs, l’UNEF peut également se réjouir de sa performance au conseil scientifique, qui ne concernait que les doctorants, où il l’a emporté très largement, obtenant cinq sièges sur six, l’autre revenant à Solidaires. L’UNI-MET, lui, ne présentait pas de liste.

.

Une première étape pour l’UNI-MET

castellote
Léo Castellote et Paul Bernardet en Boutmy lors du débat inter-syndical

Pour autant, les têtes d’affiche de l‘UNI-MET affichaient une mine réjouie à la sortie des locaux de SciencesPo Avenir hier soir.   « Clairement, on est contents parce qu’on regagne un élu » assure Léo Castelotte, tête de liste de l’UNI-MET à la commission paritaire, qui ne sera donc pas seul face à l’UNEF, accompagné par Céline Bentz, à l’inverse de Lorraine Monclar qui devra donc faire face à sept élus UNEF au conseil de direction.

Avec 20,3% des suffrages exprimés, l’UNI-MET est certes sèchement battu mais retrouve des couleurs par rapport à l’année dernière avec une progression de 1,7 point de pourcentage. « On ne s’est pas axés sur des batailles politisées mais sur des thématiques fortes, des idées concrètes et des valeurs, comme la valeur travail, qui était au centre de notre projet, notamment concernant la bibliothèque » note Léo Castellote.

La stratégie de rupture par rapport à l’année dernière où le MET avait opéré un net recentrement a donc payé. Etrange alors qu’on pourrait penser que l’échiquier politique scienpiste aurait plus tendance à pencher en faveur du centre que d’une droite décomplexée…

Ce score s’explique en grande partie par le dynamisme des militants du MET : « ils ont été très actifs cette année » reconnaît Paul Bernardet. Cet engagement a notamment permis de mobiliser la base des sympathisants de droite, comme ceux de l’UMP Sciences Po, qui n’avaient pas forcément fait la démarche de se déplacer pour le MET l’année passée.

Pour l’UNI-MET, le constat reste malgré tout mitigé : avec un seul représentant au CD, l’objectif fixé par le syndicat (voir article) n’est pas atteint. Mais le rebond est là. « Clairement, c’est une première étape réussie pour la reconquête » affirme Léo Castellote. L’UNI-MET a en effet bénéficié d’un très large renouvellement cette année sur lequel il pourra s’appuyer l’année prochaine : deux de ses trois élus sont des 1A. A l’UNEF, aucun des quatre premiers candidats sur la liste de la commission paritaire n’est en première année. Pis, sur les seize candidats, seuls six seront à SciencesPo pour faire campagne l’année prochaine : la relève s’annonce compliquée.

.

La participation et Solidaires, vaincus du jour

Le taux de participation, lui, est de 22,21%. Un score faible mais qui reste largement au-dessus d’une moyenne nationale d’environ 7%. Il faut par ailleurs nuancer la faiblesse de ce taux qui prend en compte les 3A partis à l’étranger et les étudiants en échange qu’il n’est pas facile de mobiliser. Il reste par ailleurs stable en comparaison à l’année passée, où le contexte interne était nettement plus favorable à la mobilisation des étudiants.

Les listes présentées par Solidaires sont également battues : avec seulement 8,5% des suffrages exprimés, le syndicat n’obtient aucun élu, ni à la commission paritaire, ni au conseil de direction. Toutefois, le score reste très honorable : le suffrage de plus de 200 étudiants s’est porté sur les listes Solidaires. Lors de ses deux dernières participations aux élections étudiantes, le syndicat avait obtenu des scores équivalents : 8,2% en 2008 et 8,7% en 2009. C’est donc clairement sa capacité à mobiliser une base de sympathisants très soudée qui constitue la force de Solidaires. Un constat partagé par Paul Bernardet, pour qui le syndicat n’a pas su convaincre les étudiants et élargir son cercle de sympathisants.

Le constat chez l’UNEF est d’autant plus amer que c’est grâce à Solidaires que l’UNI-MET obtient son deuxième siège à la commission paritaire. En effet, sans candidature de Solidaires, et en pariant sur un report logique de voix vers l’UNEF, la CP aurait été composée d’un seul membre de l’UNI-MET et de sept élus de l’UNEF. « Drôle de façon de combattre l’extrême droite » note Paul Bernardet.

Dans la même catégorie : « Comprendre enfin les élections syndicales en 4 points » Ce jour dans l’année qu’évoque Victor Hugo est, à Sciences Po Paris, celui des élections syndicales. Mieux, il ne s’agit pas seulement d’un jour, mais de deux jours – les mardi 10 et mercredi 11 février – durant lesquels le peuple estudiantin de Sciences Po, dans tous les campus, par-delà les mers et les continents, se déplacera tout entier vers l’isoloir pour désigner ses représentants. . Lire la suite.

6 Comments

  • Alex Baptiste Joubert

    Je précise bien que Solidaires a gagné un siège au Conseil scientifique au début du billet : la prochaine fois, veillez bien à lire les articles en entier avant de commenter.

  • Sconnie

    Le score de Solidaires, comme celui de l’UNI-Mét d’ailleurs, est un score habituel dans sa fourchette basse, surtout dans le cas d’une réémergence (qui attire à la fois les anciens du réseau et ceux qui vont voter pour l’effet nouveauté de la troisième petite liste), il n’y a à vrai dire rien d’exceptionnel dans ces scores. Le fait que l’UNI fasse un siège de plus du fait de la présence de Solidaires est un fait, maintenant la question que ça pose est la suivante : faire 8,5% aura-t-il servi simplement à faire gagner électoralement un siège à l’UNI et à avoir les clés du local comme s’en félicité le syndicat « de luttes », ou Solidaires compte-t-il le transformer politiquement en essayant d’en faire quelque chose d’utile en défendant les étudiants. Et malheureusement, les perspectives données par Solidaires pour l’instant ne sont pas très réjouissantes…

  • JH

    Il me semble que Solidaires a obtenu un siège au conseil scientifique!
    Par ailleurs, réutiliser un bien vieux refrain qui consiste à dire ici que le MET passe « à cause de Solidaires » n’est pas de l’analyse politique de haut niveau…

  • Sda

    Solidaires a gagné un siège au Conseil scientifique sieuplé.

    Et merci de l’analyse à deux balles de Bernardet : je pense qu’une bonne partie de l’électorat de Solidaires n’aurait de toute façon pas forcément voté pour l’UNEF, même si une autre bonne partie l’aurait fait. Donc son affirmation est à nuancer.

  • AMEN

    hahahahaha,

    j’adore l’argument « si Solidaires n’avaient pas participé, l’uni-met aurait eu un siège en moins ».
    Vous avez des arguments encore plus vaseux ? Attends je te la refais « si le NPA n’existait pas, le FN ferait moins de voix ». Attends je te la refais encore « S’il n’y avait QUE lUMP et le PS, le FN ferait moins de voix ». « Si EVA JOLY n’avait pas participé, le report des voix aurait été différent ». Bien. Et la représentativité politique, la liberté d’expression, je vous en passe et des meilleures? C’est quand même drôle que ceux qui reprochent à Solidaires de se battre contre l’extrême droite à coup de méthodes qu’ils jugent anti-démocratiques (cf : avoir distribué un track sur lequel, ils prévenaient organiser un comité d’accueil pour Philippot (et non un blocage), nb : on rappelle que le corps de Solidaires à Sciences Po représente 20 personnes, pas de quoi appeler des CRS en renfort), bref, amusant de voir que ce sont ceux qui les critiquent (et qui pourtant organisaient eux même des comités d’accueil notamment à l’égard de Marine Le Pen, il y a seulement quelques années), qui eux-mêmes appellent Solidaires à disparaitre du champ des élections. Comme quoi, on veut bien laisser l’extrême droite parler mais pas l’extrême gauche.

    Et puis cette définition de la démocratie par l’approche unipartisane : « si yavait eu que deux syndicats, la répartition des sièges aurait été différente ».
    « Si yavait eu que l’UNEF, ben l’UNIMET aurait pas eu de sièges. peut-être que même toute l’hétérogénéité des étudiants aurait été représenté par le syndicat monstre unef, indépendant (n’est ce pas).Parce que 85% des voix (imaginons) ça promet des débats passionnants. N’est ce pas. Mais l’UNEF ne veut pas débattre, l’UNEF veut l’hégémonie et quand l’UNEF a un peu moins l’hégémonie que ce qu’elle souhaitait, elle boude « merde alors, va falloir argumenter ».
    Certes.
    Et l’UNEF n’aurait peut-être pas fait autant de voix parce que peut-être que les 8,5% ayant voté pour Solidaires ne se seraient tout simplement pas déplacé ou auraient voté blanc. Peut-être que le report des voix n’est pas si logique que ça voyez vous ? La théorie de l’électeur médiant, avec ce taux de participation ? Vous plaisantez j’espère ?

    Cette obsession pour Solidaires tends au ridicule, tant de la part de Bernadet que de la tienne, Joubert. Enfin je veux dire, quitte à basher Solidaires, faites le avec des arguments qui tiennent la route. Pas avec des piques frisant l’hystérie. Je tiens aussi à vous dire que les autres facs se tiennent les cottes. Et on ne parle pas que ds militants de Solidaires, loin de là. (J’évoque ta description bucolique de Nanterre, Joubert, ça a valu quelques fous rires à des copains non syndiqués, en ces contrées rouges et populaires, brrrrr)

  • Yves

    Drôle de façon de défendre ce fameux pluralisme dont on nous rebat les oreilles, pourrions-nous faire noter à Paul Bernardet.