La Queer Week sort du placard !

Queer_Week.jpgC’est à SciencesPo que se déroule cette année la toute première Queer Week française. La Queer Week ou semaine des genres et des sexualités est une manifestation étudiante, à l’initiative des élèves, qui a cours depuis le début des années 1990 dans les grandes universités américaines et dont le concept est importé en France du 3 au 6 mai 2010 dans notre école.

La Queer Week est donc une innovation totale et c’est pour nous renseigner sur les problématiques liées au genre que Bruno Perreau, qui assure les cours « Introduction to Gender Studies » et « L’identité sexuelle en questions » (avec Emmanuelle Huisman Perrin), a accepté avec gentillesse de nous rencontrer.

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Queer est un terme importé des États-Unis, et, en anglais, signifie bizarre, tordu, déviant –plus vulgairement, un Queer est une pédale, une tapette. En 1989, Teresa de Lauretis, professeure d’histoire à l’université de Santa Cruz, utilise pour la première fois ce terme pour qualifier tout un ensemble de cultures sexuelles marginales. Très vite, les étudiants s’approprient le terme et assument son caractère injurieux. Le Queer est donc né d’une « combinaison d’un travail académique, d’une appropriation de ce travail par des groupes étudiants et d’un buzz médiatique ».

L’idée centrale du mouvement Queer est de déconstruire et de repenser les rapports sociaux entre les individus dans une perspective de genre : qu’est-ce qu’être une femme dans le monde du travail ? Qu’est-ce qu’être gay, lesbienne ou transsexuel aujourd’hui en France ? Telles sont des questions auxquelles le mouvement Queer a vocation à apporter sinon une réponse, au moins des éléments de réflexion. Le Queer est inclusif : il ne s’agit pas seulement de penser les identités gays ou lesbiennes, mais d’envisager toutes sortes d’autres questions sociales connexes : « Le Queer est un réel mode d’appréhension, une réelle grille de lecture du monde ».

A SciencesPo, la Queer Week est une initiative des étudiants, notamment de certains membres de l’association LGBT Plug’n’Play, dans le cadre d’un projet collectif de 4ème année. « Les étudiants disent ’’on existe, et notre existence pose des questions’’ ». C’est un mouvement qui va des étudiants vers les institutions, et pas l’inverse –cet aspect est particulièrement important. Si un mot est souvent revenu au cours de l’entretien, c’est « ouverture ».

Les étudiants proposent donc d’ouvrir la discussion, de sensibiliser la « norme dominante » aux problématiques Queer, au niveau de la vie étudiante. L’objectif est qu’une majorité de personnes se sentent concernées. La semaine est aussi un moment académique particulier, pendant lequel des intervenants qui n’ont pas l’habitude d’intervenir à SciencesPo auront la possibilité de le faire. Ainsi, le syndicat féministe Barbe ou encore le syndicat des travailleurs du sexe STRASS animeront des rencontres inédites. Enfin, l’évènement intègre une dimension plus festive avec notamment la soirée du jeudi 6 mai qui clôt la semaine.

La Queer Week à SciencesPo est un évènement particulier, une initiative nouvelle qui atteste d’un changement. Changement dans le rapport de la « norme dominante » à l’homosexualité, changement dans les mœurs (encouragé par l’avènement du PACS). Sciences-Po, au travers de cette semaine est le reflet de ces transformations là, et peut-être aussi un moteur.

Accompagner ou susciter l’arrivée des Queer Studies en France par cet évènement, lui-même à l’initiative d’étudiants est un signe : l’institution se mobilisera sur ces questions car les étudiants souhaitent qu’elle le fasse. Bravo à eux. Pour le programme de la Queer Week, rendez-vous sur le site officiel : http://www.queerweek.com/

One Comment

  • martin pochet

    Mouais….

    « Semaine de la recherche », « Semaine des arts », « Queer week »… C’est la nouvelle lubie à Sciences Po ces semaines thématiques ?