Israël – Palestine: un vieux couple incapable de se réinventer ?

La présence de Bernard Kouchner et Daniel Cohn-Bendit est toujours un bon moyen de remplir Boutmy passé 19 heures. C’est ce qu’on bien compris les étudiants du Forum International pour la Paix pour lancer en fanfare leur cycle de conférences. Mais l’intérêt de la conférence résidait dans la présence de Nissim Zvili ancien ambassadeur israélien en France et surtout ancien secrétaire général du Parti travailliste, et Soufiane Abu Zeida, ancien ministre de l’Autorité Palestinienne, fait prisonnier par Israël pendant 13 ans.

p-daniel-cohn-bendit.jpgSelon Cohn-Bendit le refus israélien d’accepter l’initiative de la Ligue Arabe en 2002, fut une énorme erreur. En échange de la reconnaissance de l’État juif par tous les pays arabes, il lui aurait suffi de libérer les territoires occupés pour une paix durable entre deux États. Obama était porteur d’un grand espoir, pour relancer le processus de paix, bloqué depuis. Tandis que les diplomates tournent autour du pot depuis des décennies, les Israéliens construisent encore des colonies, amenant les Palestiniens à stopper les négociations. L’UE restera politiquement amorphe, tant que la « téméraire » Catherine Ashton sera son Haut représentant lance « Dany », hilare. Pour lui, le rêve sioniste doit s’autolimiter pour exister.

DSCF1222.JPGGrâce au leadership de Mahmoud Abbas, Soufiane Abu Zeida voudrait obtenir un état palestinien aux frontières de 1967. Le Hamas ne rêve que d’un échec pour répondre par la violence, dit-il. L’ancien ministre s’insurge contre le demi-million de colons, qui en sont venus à « voler la terre », ce qui reste inacceptable pour les Palestiniens déjà démunis, et pourtant prêts à vivre en paix. En 40 ans les deux peuples sont passés d’une haine mutuelle à une acceptation de l’autre, nous dit-on. Mais si Israël veut la paix, elle doit évacuer les colonies, et partager Jérusalem.

zvili-nissim.jpgPuis s’exprimant en tant que simple citoyen, Nissim Zvili est inquiet pour l’avenir de son pays, qui refuse de chercher une solution acceptable par tous. Laisser pourrir la situation ne fait qu’augmenter la frustration, après l’erreur du refus de 2002. Il n’est pas dans l’intérêt du peuple israélien de continuer à dominer la Palestine, il sait devoir faire des concessions pour ne pas s’isoler, alors que son économie repose à 80% sur l’exportation. Tout est comme s’il ne restait plus au gouvernement qu’à régler la situation.

Bernard-Kouchner-1-6.jpgMalgré son retard, attribué à la préparation de la résolution onusienne contre Kadhafi, Kouchner ose se dire « alternativement palestinien et israélien ». Il regrette que la solution des deux états, pour lui une vraie panacée, soit de moins en moins évidente pour les politiques israéliens, dont Netanyahu, qui a bloqué le processus de paix. Le « French doctor » pense que la guerre ne profite qu’aux terroristes et à leurs comparses de Tsahal, et se plaint lui aussi de l’absence de volonté commune européenne. Le camp de la paix ne se manifeste plus en Israël, pourtant accepté par les révolutions arabes. Au contraire celle qui se dit « la seule démocratie » de la région a pris peur face aux mouvements populaires.

Un pays à deux nations, pour Cohn-Bendit, qui décidément aura accaparé la parole, signifie la fin d’Israël ou l’apartheid… Nissim Zvili voit justement les palestiniens comme un peuple démocratique qui doit être aidé, comme la démocratisation dans les pays arabes. On sent une certaine tension dans la salle, certains s’émeuvent d’entendre Cohn-Bendit parler d’un état « colonial ». D’une seule voix les quatre intervenants ajoutent qu’il ne faut pas être musulman pour soutenir la Palestine. D’ailleurs les jeunes Israéliens et Palestiniens s’entendent très bien lorsqu’ils ont l’occasion de se rencontrer.

Ce qui aura marqué le plus, c’est l’opinion consensuelle des intervenants, et une salle loin d’être composées uniquement de sciences-pistes, parfois coupée en deux camps, applaudissant à des questions très différentes. Mais heureusement les interventions du public, parfois violentes et à la limite du dérapage, viennent bousculer la bien-pensance ambiante.

À la suite d’une question haineuse et presque originale d’un franco-israélien sur Gilad Shalit et le « lavage de cerveau » des jeunes par le Hamas, Cohn-Bendit répond qu’il faut aussi parler des jeunes de 14 ans dans les prisons israéliennes et du rôle de Tsahal sur la jeunesse. Ofer Bronstein, le Président du Forum, explique qu’il a des passeports israélien et palestinien, sans se sentir schizophrène pour autant, et qu’en plus il arrive à aimer tout le monde.

Tous concluent, qu’il ne faut pas mettre deux peuples désormais matures dos-à-dos, mais plutôt pousser des dirigeants qui manquent de courage et de volonté. Il faut une « dynamique des cœurs chauds », et un état palestinien qui pourra aider à régler les problèmes. Nul besoin des Occidentaux pour cela, les deux pays étant capables d’avancer ensemble, pourvu que les discussions reprennent une teneur de vie ou de mort pour chacun. On retiendra que l’échec de la diplomatie est dû aux récents gouvernements israéliens. Finalement, beaucoup trop d’intervenants, certes reconnus mais qui vivent dans un monde de bisounours, et une solution si simple que l’on s’étonne de ne pas la voir déjà en place…

3 Comments

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  • Martin Pochet

    Cléopatre +1

    Ne manquait plus que BHL pour achever le tableau des chantres du devoir d’ingérence occident… heu humanitaire.

  • Cléopatre

    en même temps que pouvait-on attendre d’une conférence sur Israel-Palestine avec Dany et Kouchner…? Ils sont bien gentils mais on a vu plus pertinent sur la question. Les faire venir était plus un coup de pub qu’une ambition d’élever le débat.