Interview : Léonore Perrus, 4A, championne du Monde 2006 de sabre par équipes

Parmi les étudiants ayant intégré Sciences Po à l´issue du concours 2006 figure une étudiante assez discrète, Léonore Perrus. Pour ceux qui ne s´intéressent pas à l´escrime, ce nom n´évoque pas grand chose ; par contre, le regard de ceux qui suivent ce sport s´illumine : « ah ! Léonore Perrus ! sabreuse, médaillée d´or par équipes lors des championnats du Monde à Turin ! ».

Rencontre avec une étudiante qui concilie au quotidien études et sport de haut niveau.

  • LaPeniche.net : Bonjour Léonore. Avant tout, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Léonore : J´ai 22 ans. Après une scolarité au lycée Buffon à Paris et un baccalauréat S, j´ai fait un bi-Deug histoire / sciences politiques puis une licence d´histoire à l´université Paris 1 – Panthéon Sorbonne. Je suis actuellement en 4A, en Master Communications. Je pense me spécialiser au troisième semestre en « communication des entreprises et des institutions ».

  • En parallèle à tes études, tu poursuis une carrière de sportive de haut niveau. Comment est née cette passion de l´escrime ? Quels sont tes résultats ?

J´ai commencé l´escrime en 1997, peu après avoir suivi les Jeux olympiques d´Atlanta et les bons résultats de l´équipe de France d´escrime, notamment de Laura Flessel et Valérie Barlois. J´ai choisi le sabre.

(Le sabre est avec l´épée et le fleuret l´une des trois armes de l´escrime moderne. Tout comme le fleuret, le sabre est une arme « de convention », à savoir que lorsque les deux adversaires « touchent », priorité est donnée à l´offensive. Le rôle de l´arbitre est donc primordial. Pour éviter les fautes d´arbitrage, le recours à la vidéo a été autorisé lors des championnats du Monde 2006 disputés à Turin. La surface valable pour les touches correspond à tout ce qui est au-dessus de la ceinture. Le sabre est par ailleurs la seule arme avec laquelle on peut toucher avec le tranchant. Il est à noter que le sabre féminin est très récent, datant d´il y a à peine dix ans.)

En 2000, j´ai participé aux championnats du Monde cadettes puis aux championnats du Monde juniors en 2002. En 2003, je suis sélectionnée pour mes premiers championnats du Monde seniors, disputés à La Havane. En 2004, je termine 6ème aux Jeux olympiques d´Athènes. En 2005, j´ai participé aux championnats du Monde disputés à Leipzig et fini 11ème, ayant été éliminée lors des huitièmes de finale. La même année, je suis championne de France de sabre, battant en finale Eve Pouteil-Noble. Lors des championnats du Monde disputés cette année à Turin, je termine une nouvelle fois 6ème, ayant été battue 15-9 par la Sud-Coréenne Hye Lim Kim (classée 26ème mondiale, qui finit troisième ex aequo) en quarts. Je ne connaissais pas cette concurrente. Je n´étais pas dans le match et je n´ai pas saisi ma chance…

Avec l´équipe du Paris Université Club (PUC), j´ai remporté plusieurs titres de championne de France (notamment en 2005). En 2006, l´équipe est vice-championne de France. Avec Cécile Argiolas, Solenne Mary et Anne-Lise Touya, je fais également partie de l´équipe de France de sabre féminin, championne du Monde 2006, victorieuse en finale des Etats-Unis 45-42. C´est le premier titre international pour la France en sabre féminin par équipes.

  • Comment articules-tu au quotidien études et sport de haut niveau ? Comment se passe ton entraînement ?

En septembre 2002, j´ai intégré le « pôle France » au CREPS (Centre régional d´éducation populaire et de sport) de Châtenay-Malabry. J´ai fait mon Deug et ma licence en quatre ans au lieu des trois ans habituels. A Sciences Po, j´ai demandé un aménagement de scolarité pour pouvoir faire les trois semestres de la scolarité en quatre semestres. En effet, s´il y a peu de compétitions lors du premier semestre, elles sont beaucoup plus nombreuses entre février et juin : une quinzaine de compétitions, dont deux se disputant en Asie fin mai. Par ailleurs, à partir du 1er avril commencent les sélections par équipes pour les Jeux olympiques de Pékin en 2008.

Après les championnats d´Europe qui ont eu lieu en juillet, j´ai eu trois semaines de vacances ; en août ont commencé les stages de préparation physique et spécifique, à savoir quatre à cinq heures d´entraînement par jour. Au début du stage, il s´agit de travailler le foncier : footing, vélo, circuit-training, etc. Le travail spécifique se décompose en « leçons » (exercices à deux avec un entraîneur durant environ ¾ d´heure) et en « assauts » (environ deux heures).

Actuellement, je suis en vacances d´escrime, après les championnats du Monde. Sinon, je m´entraîne entre deux heures et demie et trois heures par jour sauf le week-end. Je m´entraîne également une fois par semaine dans mon club du PUC, le jeudi en fin d´après-midi (19 h 30).

  • As-tu déjà une idée de projet professionnel ?

J´aimerais travailler dans les instances sportives françaises, au CNOSF (Comité national olympique du sport français) par exemple, dans des fédérations ou dans des organisations sportives pour la promotion du sport, notamment en direction des jeunes. En effet, j´aimerais transmettre tout le « positif » que le sport m´a apporté.

Le programme « Les Ambassadeurs du sport » initié par le Conseil régional d´Île-de-France a beaucoup influé sur mon projet professionnel ; je suis intervenue dans des collèges, lycées où j´ai pu échanger avec les élèves. Ce furent des moments enrichissants, d´échange, d´enthousiasme partagé.

  • Comment s´est passée ta rentrée ? Que penses-tu de l´ambiance à Sciences Po ?

Ma rentrée s´est bien passée : je ne suis pas trop stressée. L´aménagement de mon master devrait me permettre de ne pas être surchargée entre cours et entraînements. Seul le troisième semestre devrait être plus chargé…

L´ambiance a l´air très sympa, j´ai hâte de me faire de nouvelles connaissances !

Merci Léonore !

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