Interview croisée : Planet-D et Les Jeunes Verts de Sciences Po

TerreLe développement durable : voilà une thématique bien en vogue en cette fin d´année 2006. Sciences Po n´échappe pas à la règle ; il y a deux semaines, la conférence sur le thème « Décroissance vs. Développement Durable : quelle politique économique pour l´environnement ? », organisée par les Jeunes Verts de Sciences Po et P.A.V.é.S, est parvenue à réunir 150 personnes. LaPeniche.net a donc voulu connaître un peu mieux deux associations qui oeuvrent dans le domaine de l’environnement.

Voici l’interview croisée de Caline Jacono, présidente de Planet-D et ancienne élève de Sciences Po, et de Jonathan Morice, président des Jeunes Verts de Sciences Po, actuellement en Master Affaires Publiques. Non membre de ces associations mais très concerné par les questions d’environnement, Antoine Comps, 2A, s’est lui aussi prêté au jeu.

  • LaPeniche.net : Bonjour. Pouvez-vous d´abord présenter en quelques mots votre association ?

PlanetD Caline Jacono : Planet-D est une association qui cherche à réunir des jeunes étudiants de grandes écoles et d´universités pour promouvoir et relayer des idées et des actions innovantes sur le développement durable auprès des acteurs et décideurs publics et privés. Elle a été créée en juin 2005 avec le parrainage du ministère de l´Ecologie et du développement durable. Depuis, des antennes ont ouvert à Sciences Po, Polytechnique, HEC, Normale Sup´, aux Ponts et Chaussées, l´ESCP-EAP…

Jonathan Morice : Les Jeunes Verts de Sciences Po forment une association politique qui a pour but de diffuser les idées de l´écologie politique au sein de l´école. Cette année nous allons suivre la campagne de Dominique Voynet tout en continuant à sensibiliser et informer les étudiants au quotidien sur les problématiques écologiques mais aussi sur des projets de société.

  • Depuis quand l´association existe-t-elle ? Qui sont ses membres, ses intervenants?

Caline : L´association existe depuis 1 an, mais le projet a mûri depuis 2 à 3 ans. Les membres sont des étudiants issus des écoles et universités où se trouvent les relais. Ce sont également de jeunes professionnels qui sont passés par l´association. Enfin l´association bénéficie du soutien de parrains issus essentiellement du milieu scientifique et universitaire, mais nous l´élargissons au fur et à mesure à des experts issus de différents secteurs privés ou publics.

Jonathan : Nous sommes reconnus à Sciences Po depuis 2001 ; cela fait donc cinq ans que nous essayons de mettre en place des actions dans le sens de l´écologie politique. Toutefois, il n´y a pas de lien direct avec le parti national des Verts puisque nous sommes une association interne à Sciences Po. Il n´est donc pas obligatoire d´être membre des Verts ou des Jeunes Verts pour adhérer à notre association qui regroupe différentes sensibilités. De même, chacun peut participer et faire bouger les lignes des Verts de l´extérieur avant de le faire de l´intérieur.

  • Quel poids a-t-elle au sein de Sciences Po ? Quelles actions a-t-elle mis en place ?

Caline : Nous sommes encore un jeune relais au sein de Sciences Po, aussi jeune que l´association. Notre poids se décline donc moins au présent qu´au futur à travers le programme d´actions que nous souhaitons mettre en place (café, Newsletter, colloque…) pour développer l´expression des étudiants sur le développement durable.
L´une des actions qui me tient particulièrement à cœur, au-delà des propositions aux candidats présidentiels, est le développement d´une réflexion inter-écoles sur les campus durables. Pour que le relais Sciences Po deviennent un élément moteur de l´action de Planet-D, je présenterai nos objectifs lundi 11 décembre à Saint-Guillaume, avec l´espoir que nombre d´étudiants motivés nous rejoindrons.

Jonathan Morice Jonathan : Depuis les débuts de l´association, nous avons mis en place un certain nombre d´actions. Il y a deux ans, nous avons repris le projet collectif « Eco Campus » sur l´action politique dans le cadre environnemental. Nous avons aussi fait signer une pétition dans le but de sensibiliser à la fois les étudiants et la direction. Son succès ayant été relatif, notamment au niveau de l´administration, nous avons essayé d´avoir l´appui des syndicats au sein du Conseil de Direction. Cela commence à porter ses fruits mais le tri et le recyclage du papier, qui doivent être systématisés, tout comme la consigne du plastique et la récupération du verre, ne sont qu’un début. Il faut aussi qu’on utilise moins de papier, et du papier recyclé qui est aujourd’hui de bonne qualité, qu’on puisse imprimer recto/verso, mieux réguler le chauffage au niveau des amphis, mieux isoler les bâtiments au fur et à mesure de leur rénovation ou construction et intégrer une part d’énergies renouvelables dans notre consommation électrique. Cela nécessite un changement de politique à Sciences-po.
Concernant le cadre de vie, nous luttons pour un campus agréable et la diffusion de produits biologiques et issus du commerce équitable (la Semaine du Commerce Equitable a généralement lieu en Mars). Nous publions aussi un journal mensuel, Bâtons rompus, à 300 exemplaires. La rédaction est bien sûr ouverte à des non adhérents qui auraient des thèmes particuliers ou des idées à mettre en avant.
Enfin, il ne faut pas oublier que les Jeunes Verts agissent sur d´autres sujets que l´écologie, notamment les droits pour tous. Nous organisons des « Petits déjeuners de l´écologie », c´est-à-dire des réunions en cafèt non fumeurs pour débattre d´un sujet avec un invité (le dernier a eu lieu ce mardi sur les conditions carcérales ndlr).

  • Que pensez-vous de l´initiative d´Al Gore de réaliser un film / documentaire sur le réchauffement climatique (Une Vérité qui dérange) ? Est-ce un bon moyen de réveiller les consciences ?

Caline : A Sciences Po, les citations sont souvent très appréciées et je ne dérogerai pas à la règle parce qu´en l´occurrence la règle justifie de présenter un pensée très juste : « parle moi et j´écouterai, apprends-moi et je comprendrai, montre-moi et je saurai ».(Confucius)
Alors oui, oui, et re-oui, l´apprentissage par l´exemple et la démonstration me semble la seule façon de permettre une véritable prise de conscience. Face un monde où la réflexion passe par l´émotion de l´image, où la notoriété permet à l´expertise d´être entendue, il y a deux attitudes possibles : déplorer cet état de fait ou l´utiliser pour servir une conviction. Al Gore, a choisi la voie 2ème voie, celle du pragmatisme anglo-saxon. C´est constructif donc utile.

Jonathan : Je pense que c´est très bien qu´Al Gore aide aujourd´hui aux Etats-Unis à réveiller les consciences sur la réalité du phénomène scientifique. C´est un super résumé de toutes les questions techniques liées au réchauffement planétaire. Mais je trouve que le film est assez faible dès qu´il aborde son bilan en tant que vice président des Etats-Unis…

Antoine Comps : C´est un bon moyen de réveiller les consciences : c´est un film extrêmement pédagogique qui a été fait avant tout pour les Américains, qui ne sont pas forcément sensibilisés aux problèmes liés à l´environnement. Pour les Français aussi il y avait un travail d´éducation à faire concernant le réchauffement climatique et les risques qui y sont liés.

  • Que dire aux étudiants de Sciences Po qui se sentent concernés par le problème du réchauffement climatique et qui voudraient, à leur échelle, lutter contre (Al Gore donne notamment une série de conseils très utiles à la fin de son film) ?

Caline : Sur le réchauffement climatique, je ne vous dirai rien que tout le monde ne sache déjà.
Et c´est peut-être là le paradoxe de toute action en faveur du développement durable. Il s´agit parfois moins d´être révolutionnaire ponctuellement, que d´être responsable continûment. En effet, nous savons pour la plupart du temps ce qu´il faut faire pour changer les choses, mais cela suppose d´être vigilant et attentif en permanence et au quotidien sur nos actes et leurs conséquences.

Jonathan : Je crois que les Français ont de plus en plus envie de modifier leur comportement, même si c´est toujours dur de mettre ses actions en lien avec ses idées. Comme cela est indiqué par Al Gore, on peut avant tout voter pour des partis écolos ! Plus généralement, les changements individuels de comportement (ne pas ouvrir la fenêtre mais plutôt baisser le chauffage en hiver mettre un autocollant « pas de pub merci » sur sa boîte aux lettres, partir faire ses courses avec un sac à dos plutôt que d’utiliser des sacs plastiques) ne seront effectifs que s’ils sont poussés, encouragés et relayés par une politique collective de reconversion écologique de l’économie (vers la sobriété, l’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables). Comme disait Ivan Illitch : « l’écologie politique, c’est marcher sur ses deux pieds, la politique révolutionnaire, et le comportement du chacun ».

Antoine Comps Antoine : L´environnement est un sujet un peu technique, où souvent les premiers alertés sont des scientifiques, voire des économistes. Peut-être que l´économie de l´environnement, qui se développe beaucoup, serait une manière d’aborder le problème à Sciences Po. Pour lutter contre le réchauffement climatique, il faut une action mondiale, que les pays riches soient les premiers à faire des efforts. C´est un sujet qui est au cœur du politique et les étudiants de Sciences Po ont leur place là dedans.
Au niveau syndical, Fac verte et l´UNEF ont demandé une gestion énergétique plus équitable, notamment en ce qui concerne les bâtiments de Sciences Po. Mais c´est plus au niveau national et global que des choses se mettront en place. Ceci dit, chaque étudiant peut faire attention en économisant l´énergie chez lui (éteindre les lumières, ne pas laisser les appareils électriques en veille, isoler son appartement pour réduire le chauffage).

Merci à tous !

One Comment

  • ali

    bonjour je me presente sidali ingenieur de l’environnemnt a boumerdes algerie est ce possible de nous telecharger le film d’AL GORE pour mieu commenter sur ce film et encore pour le celibration de la journee mondiale de l’environnement concernant le rechauffement climatique ou autes documents et pourquoi pas le clip de yannick noah arbres citoyes merci bien