Faut-il sortir de la zone euro ?

Originellement, l’euro fut créé dans l’unique but de protéger l’Europe de l’hégémonie américaine du billet vert que traduisait John Connally, secrétaire au Trésor de Richard Nixon au début des années 1970, en ces termes : « le dollar est notre monnaie et c’est votre problème ». Ainsi naquit en 1979 un mécanisme de stabilisation des devises nationales, autrement appelé Système monétaire, que l’euro remplaça le 1er janvier 1999.

Si les politiques, à l’image de Dominique Strauss-Kahn, ne cachaient pas leur enthousiasme pour l’euro – « l’euro constitue pour l’Europe un bouclier qui a bien tenu dans cette crise, la monnaie unique », 1998 – l’euroscepticisme demeure fort au sein de la population puisqu’en 2010, 60% de la population française pensait que l’euro n’était pas une bonne chose pour l’économie (German Marshall Fund).

Derrière l’idéal de l’ « Union fait la force » et ses avantages en terme d’intégration économique de stabilité et d’harmonisation, la compétitivité intra-européenne, la politique monétaire unique , la politique libérale, l’inflation perçue élevée, ou encore l’« euro cher » sont autant d’arguments mis en avant par les eurosceptiques. Une sortie de l’euro, fausse bonne idée ?

Non à la fin de l’euro, oui à l’Euro-franc

par Jourdain Vaillant, président de Nouvelle Donne SciencesPo

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Faut-il sortir de l’Euro ? La réponse est non. Nous pensons qu’une crise de nerfs (« Y en a marre, on se barre ») ne règle rien. Nous montrons comment il est possible de reprendre la main sur la monnaie sans tout envoyer valser. La création d’une monnaie supplémentaire, l’Euro-Franc, serait un des plus puissants leviers en terme de pouvoir d’achat pour les ménages français et d’activité pour les entreprises.

Le Royaume-Uni n’a pas l’Euro, et c’est pire !

Dans bien des domaines, l’absence d’union politique, notamment sur le plan fiscal et social, nuit terriblement à l’efficacité de l’action européenne. C’est en grande partie pour cela que la défiance envers l’Europe perce dans les débats. Mais quand les souverainistes disent que c’est « la faute de l’Euro », ils se trompent de diagnostic. Quel est leur objectif ? Améliorer la compétitivité grâce à la dévaluation, pour réduire le déficit commercial.

Or un pays qui n’a pas l’Euro et qui n’est pas sous la coupe de la BCE, il y en a un juste à côté de nous : le Royaume-Uni. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il fait bien pire sans l’Euro que nous avec l’Euro. En 2013, son déficit commercial est de 6,6% du PIB contre 2,8% en France. C’est donc plus de deux fois pire au Royaume-Uni, sans l’Euro, et avec la souveraineté monétaire. Il n’y a donc aucune baguette magique dans la main des souverainistes ou du FN. Et pas besoin d’insister sur les risques d’affaiblissement politique, diplomatique et financier d’une sortie unilatérale de l’Euro.

L’avantage de l’Euro-Franc est d’être rapide, efficace et constructif

La dévaluation n’est pas une politique durable. La faiblesse de la demande des ménages et celle des investissements des entreprises pèsent lourd sur notre économie. Le but de l’Euro-Franc est d’être une monnaie supplémentaire crée par la Banque de France. Il sera à parité fixe (1€-fr = 1€) et inconvertible en Euro.150€-fr mensuels seront versés sur les comptes en banque de tous les résidents sur le territoire français, et seront impropres aux achats immobiliers ou d’actifs financiers.

Ce sera donc une sur-couche monétaire supplémentaire à l’euro, alimentant l’économie réelle, et posant les bases d’un revenu inconditionnel (déjà proposé par des personnalités aussi diverses qu’Arnaud Montebourg, Dominique de Villepin, Yves Cochet, Christine Boutin, Jacques Marseille, etc). L’Euro-Franc serait effectif pour 5 ans. À charge du gouvernement de le reconduire en fonction de l’état de l’inflation -aujourd’hui nécessaire en cette période de déflation imminente.

L’Euro-Franc ne porte pas préjudice aux acquis de l’Euro, puisque l’Euro-Franc ne serait qu’une monnaie supplémentaire à l’échelle nationale. Il y aujourd’hui une urgence de soutenir la demande et l’investissement. Aucun traité européen n’empêche ce dispositif qui pourrait être mis en place très rapidement et pourrait même inspirer d’autres pays de la zone euro. Nul besoin de se lever pour faire une bonne proposition. Keep calm. And vote Nouvelle Donne Sciences Po.

sortie

Sortir de l’Euro monnaie unique, une option rationnelle

par un adhérent à Débout la République

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Prix Nobel, économistes et professeurs de grandes écoles préconisant la sortie de l’Euro constituent une liste plus conséquente que le leitmotiv martelé dans le crâne des Français, prétendant que sortir de l’Euro est absurde. Est-ce la faute des médias ayant pris l’habitude de dénigrer toute sortie de l’Euro en montrant celle-ci comme une vision archaïque ?

Loin de d’obéir à la logique de l’élément polluant qu’est le Front National dans ce débat, la vision préconisée de l’Europe ici n’a en fait rien de nationaliste. Il faut donc voir la sortie de la zone euro comme une option tout comme celle d’y rester. Mais c’est tout d’abord une direction qui mériterait une attention plus sérieuse de la part de l’inquisition pro-européene, qui n’oublie pas de vous rappeler que la pensée économique se doit d’être aussi unique que la monnaie.

Le rôle néfaste de l’Euro 

Tout d’abord si le cours d’un euro faible a aidé les pays européens à ses débuts, le problème de sa surévaluation a pénalisé les économies européennes ces dix dernières années. Les économistes estiment que son cours normal devrait être entre 1 et 1,15 dollar à parité de pouvoir d’achat, soit une surévaluation de 10 à 20% aujourd’hui (atteignant même 50% mi-2006 a 1,6 dollar).

Cette surévaluation encourage les délocalisations, responsable de la perte de 36 000 emplois par an. Par exemple, une partie des Airbus sera maintenant produit aux Etats-Unis, comble pour un projet européen ! De plus, elle nous jette dans la mondialisation sauvage, où les pays européens sont maintenant livrés à acheter là où c’est le moins cher, creusant encore plus le déficit commercial européen (13,2 milliards d’euros en 2011).

Si l’Allemagne s’en sort dans cette bataille commerciale, c’est grâce à leur politique de désinflation compétitive, austérité à l’Allemande. Mais la France accepterait-elle de compresser ses salaires, de limiter ses dépenses publiques voire de remettre en cause son modèle social aujourd’hui ? La France n’est pas l’Allemagne, et si 70 ans d’histoire commune entre la République tchèque et la Slovaquie n’en n’ont pas fait une Zone Monétaire Optimale, (malgré un budget central et un Etat de type autoritaire mais où les mobilités des travailleurs sont restées faibles et où il n’y a pas eu la moindre convergence), comment serait-ce possible avec l’Europe et à son échelle ?

Quelles solutions alternatives ?

Faire de l’euro la monnaie commune et non la monnaie unique, en réintroduisant les monnaies nationales, qui permettrait de faire des ajustements de parités et à chacun de mener des politiques économiques indépendantes, mais fortement lié entre elles sans mettre de côté les grands projets scientifiques ou industriels qu’a impulsé l’Europe, voilà la solution. Mieux encore, selon la fondation Res Publica, la sortie de l’Euro pourrait apporter jusqu’à 20% de croissance à la France, et une possibilité de monétariser sa dette comme l’ont fait les Etats-Unis et le Royaume Uni pour empêcher le désastre d’une dette ingérable après dévaluation.

La sortie de l’Euro en tant que monnaie unique serait-elle donc plutôt une bonne fausse idée ? Il y a de toutes façons une nécessitée absolue de changer de politique européenne aujourd’hui, c’est une évidence, car nous ne pouvons continuer à foncer dans le mur avec le poids qu’est l’Euro pour notre économie et notre souveraineté. Et comme l’a si bien dit un de nos anciens présidents de la République en Mai 2014 : « Depuis Maastricht en 1991, l’Europe a dérapé ».

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7 Comments

  • Arnaud

    Cher WTF, Nouvelle Donne prône la conservation de l’Euro, mais va plus loin, en créant une monnaie SUPPLÉMENTAIRE. L’Euro-Franc n’a pas vocation à se substituer à l’Euro, ni même à le court-circuiter ou le challenger. Il n’aura en fait, aucune incidence sur celui-ci. Cette monnaie SUPPLÉMENTAIRE ne sera effective que pour 5 ans afin de palier à la crise et son seul et unique but sera de redonner du pouvoir d’achat à tous les Français. Expliquer et mettre à plat les points faibles de l’Euro ne revient pas à le renier, mais au contraire à chercher à l’améliorer !

  • Ghislain Lunven

    M Blanc, ce que vous dites est FAUX.
    Les délocalisations sont dues avant tout au coût de la main d’oeuvre française. Or ce coût vient de deux choses: le salaire et les cotisations sociales. Ne parlons pas du second élément c’est un autre sujet.

    En revanche, en ce qui concerne le salaire: IL SERAIT LE MÊME AVEC UNE AUTRE MONNAIE, ou alors cela voudrait dire que le pouvoir d’achat des salariés baisserait. En effet, la plupart des produits que l’on achète viennent de l’importation (essence, smartphone…) donc les prix ne changeraient pas si la monnaie change.

    L’euro n’est donc pas la cause des délocalisations: c’est bien le coût de la main d’oeuvre. Mais peut-être voulez-vous revenir à l’époque bénie des dévaluations ?

    Je ne relèverai qu’une autre grossièreté ridicule de votre propos pour ne pas alourdir le mien: Airbus produit des avions aux Etats-Unis POUR POUVOIR ACCEDER AU MARCHE AMERICAIN. C’était une condition sine qua non imposée par le gouvernement.

    C’est honteux de répandre des mensonges pour justifier un discours bancal et populiste.

  • What the fuck?

    Non mais vous foutez de qui avec votre face à face? Défendre l’Euro-franc n’est pas être pour rester dans la zone euro, c’est faire de la propagande pour Nouvelle Donne. Faites donc des vrais face à face, là on est face à deux personnes contre l’euro tel qu’il est, ce n’en est donc pas un.

  • Vic

    Je trouve cela douteux qu’un point majeur de la discussion autour de l’euro ait été laissé de côté : la question pure et simple de la souveraineté monétaire stricto sensu, i.e. l’attribut de l’État à s’endetter sans limites dans sa propre monnaie (monnaie fiat à changes flottants et auto-référentielle), et sans aucune conséquences (voir les USA, le Japon, le Royaume-Uni mais aussi le Canada, etc etc).

    Il faut se rendre compte en effet que la crise des dettes souveraines ne serait pas arrivée (oui, vous avez bien lu), si les grecs avaient la drachme, simplement parce qu’ils auraient été alors, * roulement de tambour * les seuls émetteurs légaux de la drachme, autrement dit, les seuls capables d’émettre le moyen de paiement de leur propre dette. On comprend alors bien vite qui tient les cordons de la bourse dans ce genre de cas de figure c’est incontestablement toujours l’État, qui prête aux banques (via sa banque centrale) les liquidités nécessaires au financement de son budget (par la souscription aux bons du Trésor), et non les banques qui prêtent à qui que ce soit – vu qu’elles ont l’impossibilité d’obtenir des encaisses monétaires en dehors de l’État qui les émet-.

    Le double circuit monétaire, à savoir, le circuit de la monnaie centrale (se jouant grosso modo entre les réserves bancaires, le Trésor Public et la Banque Centrale) et secondement le circuit des dépôts ou circule le substitut à la première sont strictement hiérarchisés : aucune banque commerciale ne saurait tenir une activité sans souscrire à des Bons du Trésor de l’État où elle exerce, et libellés dans la monnaie qu’il a choisi, c’est une contrainte liée à leur maintien (je traduis : croire que certains pays comme l’Argentine sont « forcés » d’emprunter une monnaie autre que la leur démontre une méconnaissance totale du système monétaire, notamment du fonctionnement du Trésor Public, de celui de la banque centrale et des réserves bancaires).

    Dès lors, la question fondamentale qui se pose avec l’euro est : les souffrances causées par son apparition, son maintien et son expansion sont-elles bien nécessaires? Est-il nécessaire de faire mourir de faim des grecs et des espagnols, de sacrifier une génération de jeunes comme vous et moi, ayant envie de porter leur pierre à l’édifice pour les beaux yeux d’un dogme économique n’ayant aucun fondement? La réponse et évidemment non.

    En cadeau prime, quelques « grands noms » de l’économie sur le sujet :

    https://www.youtube.com/watch?v=wpW_KMHlAmo
    https://www.youtube.com/watch?v=-V6-GnsvcG0

    PS : il n’y aujourd’hui que deux zones économiques qui refusent obstinément de recourir au déficit budgétaire pour se sortir du marasme : le Japon depuis 20 ans, la zone euro depuis quelques années.

    PS2 : On n’oublie un peu vite l’histoire économique : ce qui a mené Hitler au pouvoir c’est : Une crise majeure 1929. Check. L’austérité conduite par Brünning dans les années qui l’ont suivie. Check. La déflation. On s’en approche. Comme le dit Einstein, le fou est celui qui conduit sans cesse la même expérience s’attendant à des résultats différents.