Exposition Jeff Koons au château de Versailles

jeffkoons1Le Kitch en grand!!

Jeff Koons est sans aucun doute l’un des artistes les plus drôles du moment. Il place quelques sculptures dans le vieux château de Versailles et tous les magazines parlent de lui durant deux mois, le public se presse, les badauds se massent pour regarder deux bouées de piscine accrochées à un grillage dans une pièce Louis XIV. Certains se permettent de lancer des commentaires presque réfléchis et des petits « c’est intéressant » (dire beau serait hypocrite), d’autres avouent ne rien y comprendre et ne surtout pas voir dans cette installation de l’Art. Jeff Koons ou l’artiste autodidacte qui a trouvé le génial stratagème de ne même pas mettre la main à la pâte tout en explosant jusqu’à il y a peu (car hélas un certain Damien Hirst l’a surpassé côté prix) les records de ventes avec une sculpture livrée pour 16 millions d’Euros.

C’est qu’il avait prévu la crise le bonhomme ! Ancien trader, il s’amusait à copier de célèbres tableaux dans sa jeunesse pour le plaisir. Puis à force de regarder son petit monde de consommateur, plusieurs réflexions ont jailli en lui. Le courant du Ready Made d’un côté et la Pop Culture de l’autre ne l’ont pas laissé insensible puisqu’il a décidé de bâtir une œuvre qui mixerait les deux tendances. S’il peint en cachette chez lui et pour lui, ses œuvres les plus connues dérivent de la production industrielle. Jeff Koons n’a pas hésité à faire appel à des techniciens, des ingénieurs (souvent de renommée) pour élaborer les sculptures grand format qu’il imaginait. Il vend des petites boules de neige ou des porte-clefs à l’effigie de son gros chien rose métal pour que le public qui n’a pas 16 millions sous la main puisse aussi emporter un peu de sa folie chez lui. Pour une biographie plus détaillée, vous n’avez qu’à ouvrir une bonne partie des revues artistiques de septembre et trouverez de quoi vous sustenter, ou vous pouvez vous rendre directement sur son site internet pour être au cœur de son petit monde.

Versailles marquait la première rétrospective européenne de cet artiste. Au lieu de choisir un musée traditionnel pour mettre en scène les œuvres, le jeffkoons2Monsieur a eu l’idée de transformer une simple rétrospective en une véritable installation, réfléchie et révolutionnaire pourrait-on dire. Un homard, un chien, un lapin robot, une statue de Michael Jackson, trois petits enfants poussant un cochon, un autoportrait, un Policier Londonien embrassant un gros ours, des bouées gonflables, un gros cœur, une énorme capsule œil dans la galerie des glaces ou encore le très célèbre Ballon Flower dans la cours royale, les pièces ne manquent pas et font partie des plus connues. Le décalage est flagrant dans les salles où les toiles de peintres du XVIe, XVIIe siècle se suivent, rappelant les heures passées pour produire une seule peinture. Le décalage reste le mot d’ordre de l’exposition.

Troubler, se moquer de son public de façon espiègle, revenir sur la définition même de l’art, Jeff Koons a vu les choses en grand et ça fonctionne.

Il faut rire et prendre plaisir en regardant les énormes sculptures kitch et acidulées. L’artiste n’a nullement cherché à créer des œuvres choquantes en soi. Un lapin robot paraîtrait même mignon, mais placé au cœur d’une salle classique, il détonne forcément. Le grand intérêt de l’exposition serait déjà de donner au public à voir Versailles autrement. Car il faut bien le dire, ce lieu si visité accueille des touristes qui défilent dans un flot continu sans s’arrêter vraiment sur les pièces, les peintures, et voilà que soudain au détour d’un escalier le prodige se fait : cette foule s’arrête et regarde, regarde comme elle n’en a pas l’habitude. Une simple bouée vient sans crier gare changer toute la vision qu’on peut avoir d’une salle de Versailles.

jeffkoons3L’exposition aura aussi eu la qualité rappeler une nouvelle fois la distinction entre l’art objet et l’art conceptuel, distinction qui reste évidemment poreuse.

Qu’on ne considère pas en soi chaque objet pris séparément et hors de son contexte comme une œuvre d’art importante peut être compréhensible. Cependant, il s’agit dans le cadre de Versailles d’offrir plus un concept, une réflexion et une vision qu’un simple constat esthétique. Certes la frontière est parfois fine entre l’art conceptuel et la supercherie, mais c’est aussi dans cette frontière que l’humour inhérente à cette exposition apparaît.

Qu’il s’agisse d’une bonne blague ou d’un cri réfléchi, Jeff Koons aura au moins eu l’avantage de faire parler de lui et le mérite de ramener pour un temps le dialogue sur la scène de l’art.

Jeff Koons à Versailles, du 10 septembre au 14 décembre 2008.

2 Comments

  • patou 44

    bonjour
    je me permet de donner mon avis sur les presentations de jeff koons que j’ai trouver sans interet et surtout pas a leur place a versailles j’ai gache mes photos a la galerie des glaces avec cette espece de galette quand aux aures presentations n’en parlons pas les visiteurs francais ou etrangers ne manquaient de dire le ridicule des aspirateurs hoover comment peut on melanger l’histoire francaise et le patrimoine avec ces objets cela m’a gacher ma premiere visite a versailles et je n’etait pas la seule le choix de cette exposition est pas judicieux je pense que se sera la premiere et la derniere visite au chateau que je ferait dommage ***********