Elections BDE (1/3): MAO, Un Grand Bond sur place ?

MAO

Des trois listes qui se présentent cette année aux élections BDE, la « MAO » est assurément la plus singulière, que ça soit par son nom (d’un mauvais goût déplorable), ses ambitions et la manière dont elle mène sa campagne. LaPéniche est donc partie à sa rencontre, et c’est dans les couloirs sombres du Soviet des Saints-Pères que nous retrouvons les camarades Nathan Markowitz (Pôle Evènementiel) et Sarah Krief (Responsable Services aux Etudiants).

« Par ce nom on voulait rompre avec les anglicismes vus et revus des autres listes, et faire comprendre qu’on n’est pas des gamins clubbers mais une liste crédible ». Le ton est donné, on a affaire à des pros. C’est vrai qu’on ne peut manquer de se demander pourquoi la vingtaine de membres qui composent cette liste se sont choisi pour nom et figure tutélaire le Grand Timonier. M.A.O est l’acronyme de « Mouvement Associatif d’Ouverture » ou de « Moderniser, Accueillir, Ouvrir », noms qui, disons le, sont moins sexy qu’une Thema d’Arte sur la consanguinité dans le Pas-de-Calais. Ils furent cependant trouvé à posteriori nous confient-ils, au cours de ce qui dût être nous l’imaginons une laborieuse séance de taxidermie nominale, à empailler le Petit Père des Chinois d’une dose suffisante de mots d’ordres consensuels. Et ce Grand Bond en avant alors ? « La formule n’a rien d’anodin et résume notre ambition et nos idées ». N’ayez crainte, ce choix n’a bien sûr rien de politique – Dieu merci ce sont des ordures bourgeoises – mais traduit l’envie « d’aller de l’avant » « avec sérieux et pragmatisme » et – on allait oublier le petit dernier – « en étant ouvert à tous ». La Révolution.

Quelle est donc la singularité des Maoïstes ? « Le pragmatisme avant tout ». Un bref coup d’œil sur la manière dont la liste s’est composé permet de remarquer que contrairement à Connecting Pipo et à la WAF, ce sont les 3A qui ont donné l’impulsion et contacté les 1A. En s’épargnant un vaste racolage via ENTG pour se trouver des 3A de compagnie, la MAO s’est donc assuré des futurs 4A réellement motivés par l’idée de participer à l’activité étudiante, et non d’éventuelles molasses promptes à vouloir uniquement poser leurs fesses sur les canapés du local pour s’y dégonfler en cours d’année. Le revers de la médaille est néanmoins le fait que rapidement des tensions se sont créées entre 1A et 3A, les premiers ayant une conception des choses exaspérant parfois les initiateurs du projet – élément ne laissant rien présager de bon sur l’efficacité de l’équipe si elle est élue.

Le Grand Bond en avant, ils le veulent, mais non sans avoir préalablement asséné les déclarations communes aux trois listes et plus banales qu’un film français avec Kad Merad. En vrac : « On est vraiment pas une bande de potes » ; « on est super motivés » ; « on veut stimuler un esprit de promo » ; « on veut un BDE ouvert et à l’écoute des étudiants » et cetera (on a jamais vu de liste affirmer le contraire). Esprit Coubertin oblige, les membres de la MAO affirment être « réglos » vis-à-vis des autres listes. Il y a bien eu « quelques accrocs » avec Connecting Pipo à sa fondation, car une grande partie des membres de la liste bisounours sont des transfuges de la MAO. De plus, un étudiant de 3A, Antoine Pluche, a été démarché par les 3 listes et mis au courant de tous les programmes avant de finalement jeter son dévolu sur la MAO, ce qui fit amplement jaser parmi les membres de Connecting et de la Familiste, qui l’accusèrent d’être une taupe Maoïste. Les 1A de la MAO se défendent en arguant qu’aucun d’entre eux ne connaissait Antoine avant la formation de la liste, et que la majorité des idées de leur programme avait été fixé avant son arrivée. Toujours dans le souci d’être « réglos », « on lui a confié presque uniquement des tâches logistiques et il n’a presque pas participé à l’élaboration du programme » affirme Nathan. C’est tout à leur honneur. ? Alors l’ « Antoine-Pluche-Gate », une tempête dans un verre d’eau ? On ne peut toutefois s’empêcher de remarquer la forte ressemblance des programmes des trois listes.

La liste SGSH aux commandes cette année a permis un développement efficace et visible du rôle du BDE, à tel point qu’en dépit des déclarations, tous les programmes affichent cette année la même ambition de continuité : étoffer les services, pérenniser les nouveautés et combler les lacunes du BDE actuel. Le programme de la MAO n’échappe pas à cette règle. Construit autour de 5 points majeurs, il aspire à : « Réinventer l’évènementiel », « Être là pour les internationaux », « Une optique de convivialité », « Être plus présent auprès des masters » et « Un service aux étudiants développé ». Partout, du bon et du moins bon, mais nulle part du révolutionnaire par rapport a ce qui a déjà été fait et à ce que proposent Connecting Pipo et la Familiste. Concernant l’évènementiel, s’ils sont plus pragmatique que la WAF, et proposent la reprise du Bal du Bachelor, l’organisation de soirées inter-écoles (des contacts ont déjà été noués avec le BDE de Dauphine par exemple) et la création bienvenue d’un pôle Evènementiel qui organiserait « pique-niques, barbecues et activités insolites » pour « ne pas se rencontrer uniquement bourrés en soirée », on retrouve les sempiternelles soirées « reflétant la diversité des préférences musicales » et « hors des quartiers traditionnels », comme ne le montre pas leur soirée de campagne, au Concorde Atlantique, à 500 mètres de Sciences Po et où s’était déjà tenue la soirée de l’AS « Good Morning Sciences Po » ou la première soirée LaPéniche. Les promesses de « dîners de promo » – oui, toute la promo – et de retours en bus après les soirées montrent cependant que les Maoïstes ont une perception très vague des contraintes budgétaires et administratives inhérentes au BDE, ce qui constitue un sérieux point négatif.

MAO Le Grand Bond

Les points « Devenir un véritable soutien aux associations » et « Être là pour les internationaux » prêtent également parfois le flanc à la critique mais ne détonnent ni par leur irréalisme ni par leur originalité. L’idée de supprimer la Gazette du 27 pour la remplacer par un calendrier en ligne des évènements à Sciences Po est un projet ambitieux sur lequel le BDE actuel ainsi que le précédent se sont cassé les dents, et ne tient pas compte du fait que la Gazette est une source non négligeable de financement par les sponsors. Rendre plus accessible le fichier Internet recueillant les témoignages des 3A à propos de leur expérience à l’étranger est intéressante, de même que créer un fichier spécial pour la revente des objets en surplus pour faciliter le départ des internationaux. Développer les services aux étudiants est en effet une part importante de leur déclaration d’intention. On ne peut que regretter que cette partie du programme soit, à l’image de l’ensemble de leurs projets, très floue, et ce concentre plus sur des réductions chez Marionnaud que sur l’élargissement des fichiers logement et petit boulots. Il nous faut plus de concret.

En résumé, leur programme semble grosso modo « pragmatique », et sa faisabilité globale n’est pas en cause. Hélas, une fois épluchés le programme et les idées conventionnelles (et bien souvent communes aux trois listes), on craint que le « Grand Bond en avant » tant vanté ne soit pas plus qu’un modeste entrechat. En effet, la principale critique que l’on pourrait adresser aux thuriféraires du « Grand Bond en avant » est paradoxalement leur manque d’ambition. Le BDE Saint Guillaume Sweet Home fût ambitieux et parvînt avec brio à s’en tenir à leur programme, et même aux propositions qu’ils pensèrent eux même difficilement réalisables comme le Sciences Po National Tour. Mais un « Grand Bond en avant » est-il seulement nécessaire ? Après le nombre important de nouveautés introduites cette année par le BDE, n’est il pas préférable de « s’arrêter et consolider les acquis » comme le recommande Julien Palomo (membre de l’administration responsable de la vie associative) ? Le défi du mandat 2011/2012 sera donc de réussir à poursuivre la dynamique initiée par SGSH sans s’embourber dans une surenchère évènementielle. Les listes s’étant retrouvées devant le fait accompli au moment de la rédaction des programmes, c’est principalement les affinités des élèves envers les membres des listes et la qualité de la campagne que chacune va mener qui déterminera au final le vainqueur de l’élection.

Ainsi, coté communication, les Maoïstes ont sorti l’artillerie lourde ce mercredi et sont rentrés avec fracas dans le vif de la campagne, ce qui ne fût pas du luxe. La MAO trainait en effet depuis le début de la campagne virtuelle un certain nombre de casseroles: un nom et un thème mal compris, un site disgracieux dont la sortie la veille du Monarcrit est passée vaguement inaperçue, et un vidéo-patchwork à l’esthétique hasardeuse promouvant les repas de promo à grands renforts d’images tirées des Simpson et d’Astérix. Mercredi, c’est donc avec un jeu de combat de sumos, la venue – éphémère – d’un camion à glace, la réquisition d’une amicale mascotte panda et l’organisation d’un apéro saucisson et binouze devant le 27, comme le fit SGSH pendant la campagne de l’an dernier, que la MAO fit une entrée remarquée dans la semaine de campagne. L’enthousiasme s’assombrit légèrement quand Julien Palomo, Raphaëlle Rémi et Hugo Schleicher haussèrent la voix contre la distribution gratuite d’alcool sur la voie publique et menacèrent la liste de disqualification – commuée en suspension de campagne pour la matinée de jeudi (justifiée !). Les Maoïstes ont cependant pris une belle revanche jeudi soir à bord du Concorde Atlantique et parvinrent à confirmer leur capacité à mener efficacement campagne. Ce qui n’est pas si anodin. L’organisation des évènements nécessite de nouer des partenariats, de travailler avec l’administration et de gérer un budget, activités qui constituent l’essentiel du travail au BDE. La semaine de campagne peut donc être vue comme la démonstration des capacités organisationnelles d’une liste. Et il faut avouer que jusqu’ici – à l’exception notable du budget – la MAO tire son épingle du jeu.

20 Comments

  • ermonde

    « On ne peut toutefois s’empêcher de remarquer la forte ressemblance des programmes des trois listes. »

    C’est ta premiere campagne BDE petit?

  • Louis Vogel

    Ah, c’est bien vrai ca mon bon monsieur ! Deja, a mon epoque, certains ne faisaient deja plus cours en robe. Et aujourd’hui, on partage les cours. Quelle decadence…le genre humain s’avance vers les abysses infernales….ahhhhhh

  • 2A

    Simplement un mot pour faire part de mon indignation quant à la collectivisation des cours par MAO. Je trouve que c’est vous rabaisser en donnant raison à tous ceux qui dédaignent les cours que nous avons la chance de recevoir. Les campagnes BDE je suis pour, mais là, et pour la seconde fois, je trouve que MAO va décidément trop loin, j’espère que les étudiants en tiendront compte en votant.

  • L'inquisition de Saint Guillaume

    Brochon, Benjamin.
    Ce nom n’est pas dans l’annuaire ENTG.

    Pars, et ne reviens jamais.

  • La nostalgie n'est plus ce qu'elle était

    A priori, il n’y avait pas là de casus belli, de gustubus et coloribus non disputadem…Ipse facto, je dirai Medice, cura te ipsum. Et comme Bis repetita placent :
    Cet article est toujours aussi nul, même après plusieurs relectures.

    Et à l’attention du jeune Lluis (au niveau anonymat on a pas fait pire), je ne peux plus rien pour toi si tu n’es pas capable de comprendre qu’utiliser un mot du dictionnaire français, même d’origine latine, n’a rien de pédant, dans la mesure où il n’existe pas de mot équivalent.

    Si vis pacem, para bellum.
    Cordialement,
    Benjamin Brochon.

    Ps : Alea jacta est ex nihilo

  • MAO Le Grand Bond en Avant

    Quelques contradictions dans cet article. Surtout quand nous justifions en interview point par point la faisabilité d’évènements ou de services tels que les grands dîners de promo ou les retours en bus.
    Nous sommes entrés en contact avec des entreprises et avons fait réaliser des devis qui nous le confirment, ce peuvent être des innovations réalistes, à la fois en termes pratiques et de finance. Et les retours sur ces projets sont vraiment favorables.
    Il est juste décevant de voir nos interlocuteurs de la Péniche résumer un pan non négligeable de la conversation en laissant entendre que nous n’avons pas défendu certains points essentiels de notre programme, sur lesquels nous sommes pourtant avancés.

  • Lluis

    Dis donc, Jean-Michel la nostaglie machin, là …

    Premierement je tiens à te féliciter pour ce brillant hommage à la désuette lettre anonyme d’insultes, trop rare de nos jours. Ce dernier mot, « courage! » avant ton absence de signature, c’est tout simplement de l’art.

    Et ensuite, la prochaine fois que tu voudras t’élever haut et fort contre la masturbation intellectuelle, tu évtiteras de nous balancer du latin … hmm ?

    Allez, Peace!

  • Guillaume Lecuyer

    Salut LaPéniche, merci pour cet article très complet ! Permettez-moi juste quelques rapides remarques et rectifications :
    Les équipes de 1A et de 3A se sont composées chacune de leur côté : en 1A, nous avons eu cette idée vers la fin 2010 et avons commencé à bâtir un programme et à composer l’équipe en janvier-février 2011. Nous avons été mis en contact avec une équipe de 3A alors quasiment bouclée et avec laquelle nous nous sommes découverts une grande partie d’idées communes et la même volonté d’un « Grand Bond en avant », donc. Aussi, vous dites que « rapidement des tensions se sont créées entre 1A et 3A, les premiers ayant une conception des choses exaspérant parfois les initiateurs du projet » : donnez-nous des exemples, j’avoue que j’ai du mal à voir où sont ces divergences si importantes.
    De plus, nous aurions bien proposé « l’élargissement [du fichier] logement », si celui-ci n’était repris par l’administration l’année prochaine !
    Enfin, pour ceux et celles pour lesquels/lesquelles il y aurait toujours « un nom et un thème mal compris », nous vous invitons à lire cet article sur notre profil Facebook : http://www.facebook.com/note.php?no

  • La nostalgie n'est plus ce qu'elle était

    Et voila, c’est dommage, encore une fois Pierre Sautreuil pond un article illisible et surfait, dommage pour la Maoliste ! Que de lourdeur dans la syntaxe et dans le pseudo-style de ce jeune rédacteur…Non aux références qui se veulent savantes et recherchées, non à la masturbation intellectuelle et à l’autosatisfecit !

    Allez Petit Pierre, un jour tu arrêteras d’évoquer Arte et de dénigrer Kad Merad. Courage !

  • Chris

    J’aurais rarement vu un nom aussi ridicule pour une liste BDE. Il est tellement crédible de s’intituler comme l’un des pires dictateurs du XXe siècle et de récupérer le nom d’un évènement historique responsable de la mort d’au moins 20 millions de Chinois.

    A se demander si l’Histoire fait encore partie des cours à Sciences-Po.

  • iphrene

    Et voilà. C’est bien dommage. Ils tenaient un truc marrqnt l’année dernière à LaPéniche en taillant des costards a tout le monde et sur tout. Maintenant c’est re comme avant : on s’emmerde.

  • Connecting Pipo

    Salut LaPéniche,

    Petite rectification à apporter à l’article:
    « Il y a bien eu « quelques accrocs » avec Connecting Pipo à sa fondation, car une grande partie des membres de la liste bisounours sont des transfuges de la MAO. »

    Un seul et unique membre de notre équipe est un « transfuge » de la MAO. « Une grande partie » est un peu exagéré.

    Sinon, on a hâte de lire celui qui nous est consacré !

    L’équipe Connecting,
    http://www.connecting-pipo.fr