Droit de réponse : Sciences Po Environnement

Suite à la publication le 8 octobre d’un article de débat et au grand nombre de réactions suscitées, LaPéniche accorde à un droit de réponse à Sciences Po Environnement. Nous avons donc rencontré Cécile Thibaut et Yann Lesestre, respectivement présidente et vice-président de Sciences Po Environnement.

droit de réponse

LPN : Pourquoi avoir demandé un droit de réponse ?

SPE : Nous aurions aimé avoir été contactés pour rectifier certaines informations, peu nombreuses, qui n’étaient pas nécessairement à jour, ainsi que pour nous présenter, car il s’est avéré, vu les réactions, que notre grande faiblesse a été un défaut de communication. Nous sommes une association permanente depuis seulement un an, nos actions manquent de visibilité. Cet article a eu le mérite de créer un vrai débat parmi les étudiants, et au sein même de l’équipe, jusqu’à remettre en question notre légitimité en tant qu’association permanente. Depuis le Grenelle de l’environnement, le recrutement d’un référent environnemental par les universités est une obligation légale. Or, contrairement aux autres écoles, Sciences Po n’a toujours pas créé ce poste. C’est la racine du problème.

LPN : Avec 4500 lectures et 60 commentaires, cet article a révélé un grand déficit de reconnaissance. Qu’en pensez-vous ?

SPE : Nous nous sommes posés beaucoup de questions. Tant que l’administration n’embauche pas de référent, nous continuons sur notre ligne. Une refonte de notre communication s’avère plus que nécessaire, que ça soit à destination de nos membres (300 adhérents) ou des autres étudiants, mais également du personnel de Sciences Po. Certains projets semblant futiles sont essentiels. Les ruches, si durement décriées, n’ont rien coûté, mais, tout en montrant qu’il est possible de produire des produits de bonne qualité en ville, a servi de sujet de réflexion pour les masters urbanisme : « la ville peut-elle être productrice ? » A notre décharge, la « passation » entre le bureau précédent et le bureau actuel s’est effectuée en septembre, ce qui a nous a laissé peu de temps pour nous préparer.

LPN : On a dit de vous que vous n’étiez pas légitimes. Votre statut d’association permanente est-il justifié ? Indispensable ?

SPE : Nous n’existerions pas sans ce statut d’association permanente. Sans ce statut, et notamment la dotation budgétaire qu’il induit, on se limiterait véritablement au miel et aux gobelets réutilisables. Les travaux de rénovation sont lourds et s’étalent sur le long terme. Nous ne pouvons pas imposer de projet, nous ne sommes qu’une force de proposition, l’administration nous traite parfois de lobby ! {rires}

LPN : Les étudiants semblent ne pas apprécier de voir les frais de scolarité au service de votre promotion…

SPE : Ramené par tête, le budget qui nous est alloué (85.000 euros) ne représente que 8 euros à chaque étudiant. On peut par ailleurs le comparer à ce que coûterait un an de salaire d’un référent pour l’environnement. De plus nous nous occupons de tous les campus.

LPN : Pourquoi ne pas rechercher plus de partenariats pour alléger la contribution de l’administration ?

SPE : Nous avons rencontré les présidents du BDE et de l’AS. Ces associations s’occupent de leurs partenariats et c’est une véritable galère. C’est d’autant plus difficile pour nous que la Charte Environnementale limite nos opportunités de partenariats. Les dotations financières sont rares : il s’agit le plus fréquemment d’échange de prestations et de services.

LPN : Au delà d’un problème de communication, le véritable problème est que vous êtes la seule association permanente à ne pas être au service des étudiants, la sensibilisation à une cause étant une action militante, pas un service.

SPE : Nous ne sommes pas au service des étudiants de la même manière que les autres associations permanentes, c’est plus large que faire des soirées. Notre action a 3 axes : sensibilisation, action, service. Nous tachons d’améliorer les conditions d’étude. Nous tentons d’être une cellule de débat, apolitique et non-militante. Nous comprenons qu’il est difficile de nous mettre au même niveau que le BDE ou l’AS. Le foisonnement des associations permanentes permet à chacun d’y trouver son compte. Nous comptons faire une soirée avec le BDE, avec des étudiants « normaux » {se corrige}, normaux, c’est à dire que tous ne sont pas sensibles à l’environnement. Enfin notre fond d’impulsion environnemental destiné aux autres associations s’élève à 10.000 euros (6.700 euros offerts l’an dernier). Nous sommes aussi là pour aider les associations.

LPN : Richard Descoings a republié l’article sur sa page Facebook. Est-ce un désaveu de la part de l’administration ?

SPE : Monsieur Descoings, à titre personnel, n’a jamais été un écologiste convaincu, opposant toujours environnement et problématiques sociales. Nous avons été surpris, car nous entretenons de bonnes relations avec l’administration, qui partage souvent notre enthousiasme. Notre bilan moral et financier a été unanimement approuvé {de même que celui de l’AS et de Junior Consulting}. Nous nous sommes appropriés une mission dont l’administration ne s’est pas chargée. Une question déterminante se pose toutefois : Qu’allons nous devenir lorsqu’un référent Plan vert sera embauché ?

LPN : Disparaître ?

SPE : Non, mais une reconversion vers un statut d’association non-permanente doit être envisagée, dans la mesure où l’embauche d’un référent transfèrerait à l’administration l’impulsion des actions écologiques. Ce qui viderait Sciences Po environnement d’une grande partie de sa substance. On va devoir en discuter avec les adhérents, c’est une des grandes questions de l’année.

LPN : Votre ascension a été fulgurante. Êtes vous la caution environnementale de Sciences Po ?

SPE : {temps de réflexion…} c’est quelque chose d’important. Si on ne fait rien, rien ne sera fait pour l’environnement. Nous ne sommes pas là pour l’image : peu de communication est faite autour de notre nom. Avec le développement de masters autour de l’environnement, Sciences Po semble s’emparer de cette problématique. Responsabiliser les étudiants en leur confiant des tâches importantes est une des marques de fabriques du projet éducatif de Sciences Po.

LPN : La tendance actuelle est à la récupération par l’administration des activités qu’elle avait délégué aux associations permanentes, comme elle le fait actuellement avec l’AS…

SPE : C’est dommage. Même si en ce qui nous concerne ça permettra de mener à bien des projets que seule l’administration a les moyens réaliser.

23 Comments

  • Gibert Vieux

    Ah et sinon les djeuns, comme je suis de bonne foi et que je suis allé voir sur le site quels étaient les projets en cours « avancement 10% », j’ai pris soin de noter et de partager cet autre lapsus ici : http://scpo-environnement.org/discu

    « Responsable des campus délocalisés : Constance WYLIE (2ème année du 1er cycle sur le campus de Meudon) – constance.wylie[at]sciences-po.org »

    Campus de Meudon ! Relocalisation des activités, Arne Naess style. Youhou !

  • Gibert Vieux

    « Nous tentons d’être une cellule de débat, apolitique et non-militante. »

    Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? Une cellule de débat à 80 000 euros par an ? Encore une fois, on salue le TALENT INDENIABLE de Sciences-Po Environnement en matière de marketing. Une rapide recherche Google « cellule de débat » montre 39 résultats. Il est vrai que par le passé, le mot de « cellule » ne s’envisageait qu’assez rarement dans un contexte « apolitique » et « non-militant ». Maladresse ou lapsus ?

    (dans un commentaire) « L’action de l’ASPE se construit sur le long terme et les projets de grandes envergures sont justement ceux qui doivent s’envisager dans la durée. »

    -> Ah oui ? quels projets ? Des panneaux solaires ? Un encouragement à la numérisation des procédures administratives ? On en revient à ce qui est dit plus haut dans l’interview :

    « Faire une liste de tous les projets aurait été très fastidieux. Nous avons eu ce mercredi 9 novembre une assemblée générale au cour de laquelle nous avons présenté les quelques 25 projets actuellement menés par l’ASPE. Deux heures ne nous ont pas permis de tout présenter dans le détail. L’exercice aurait été bien plus difficile sur un article si court. »

    -> En somme, une rhétorique de type ‘on a présenté nos projets en assemblée générale. Enfin, pas tous, mais c’est pas grave, l’intention y était. Et si vous n’êtes pas contents, vous n’aviez qu’à venir à l’AG et contester.’ La volonté ne se représente pas, right ? Votre droit de réponse est encore plus déplorable que le manque de communication qui le précédait. Vous auriez pu prendre 2, 3 projets comme exemples et les développer. A moins qu’aucun de ces 25 projets ne mérite le qualificatif de « projet d’envergure » et encore moins 80 000 euros « consentis » par la communauté étudiante.

    Avoir un but « plus large que faire des soirées » ne vous autorise pas à être flous. Pour me jeter dans le point Godwin de l’écologie politique avec le sourire, votre concept de « plus large » me fait penser au concept de « volonté générale ». Sciences Po Environnement ne doit pas être l’usufruitier du sens de l’histoire, même à l’échelle modeste de l’établissement.

    Vous voulez du fric ? Eh bien trouvez le.
    Trouver des partenaires est une galère ? Oui. Et donc ? Je ne vois AUCUNE raison à ce que vous échappiez à cette galère. Votre image de « gentils » devrait vous permettre de trouver des fonds auprès des entreprises et diverses fondations.

    Si, avec une étiquette aussi clean et consensuelle, vous n’êtes pas fichus de trouver votre propre argent et vous payez en plus le luxe de répondre avec légèreté aux objections (« on ne coute que 8€ par étudiant » -> non, vous pompez la moitié du budget associatif de Sciences-Po !), alors je ne vois là aussi aucune raison pour que vous échappiez à votre image, pour les plus optimistes, de bobos diffusant la bonne conscience comme un parfum d’intérieur, ou, pour les plus pessimistes, de tocards irresponsables aux méthodes et à l’inconscient fascistes.

  • M. URSAFF

    85 000 euros de budget ça représente 42 500 euros de salaire brut et 42 500 de charges sociales pour le patron (en très gros). Donc le salarié touche 2 800 euros net/mois au final, ce qui semble pas choquant pour un cadre.

  • Et oui...

    « Depuis le Grenelle de l’environnement, le recrutement d’un référent environnemental par les universités est une obligation légale »

  • Ok...

    Hum… combien d’entreprises ont un référent environnement ? Est-il nécessaire d’avoir un référent environnement pour rappeler qu’on peut imprimer recto/verso en bilbi voire s’en passer ? L’écologie est souvent du bon sens qu’il suffit de prendre en compte dans chaque projet mis en place et ne nécessite pas de spécialiste auquel se référer si ? SPE a été très dynamique et a mis en place des tas de choses intéressantes, je reste contre les 85 000€ de dotation, quand bien même cela ne représenterait que 8€ par élève… il n’y a pas de petites économies, on nous le rappelle assez comme ça en ce moment

  • Den Xiaoping

    Hihi. Français vite apprendre parler chinois. « Article de débat » ? Débat comme les communistes. Hihi. Pas avis contraire. Très bien, peut-être chinois investir France. Hihi.

  • Yann

    Jonas :

    L’action de l’ASPE se construit sur le long terme et les projets de grandes envergures sont justement ceux qui doivent s’envisager dans la durée. Installer des panneaux solaires ou isoler les bâtiments ne pourra se faire sans l’aide de l’administration. Ces questions sont donc aussi des questions d’institutions.

    Faire une liste de tous les projets aurait été très fastidieux. Nous avons eu ce mercredi 9 novembre une assemblée générale au cour de laquelle nous avons présenté les quelques 25 projets actuellement menés par l’ASPE. Deux heures ne nous ont pas permis de tout présenter dans le détail. L’exercice aurait été bien plus difficile sur un article si court.

    Pour ce qui est de la transparence de SciencesPo Environnement, vous pourrez trouver ici le bilan d’activité moral et financier de l’année 2010-2011 ainsi que le contenu de ce qui a été discuté ce soir : http://scpo-environnement.org/discu… . Nous essayons de tenir régulièrement à jour notre site internet et nous sommes ouverts à toute remarques, questions ou suggestion.

    Nous sommes néaumoins conscient que la communication envers les étudiants qui ne font pas la démarche d’aller nous demander ce que nous faisons est difficile. Le problème est le même pour toute les associations. La nécessité de transparence est cependant d’autant plus importante pour les associations permanente qu’elles remplissent un travail institutionnel. C’est un véritable défi auquel nous sommes confrontés et nous essayions déjà d’y répondre bien avant la publication de l’article de LaPéniche.net.

  • Calcul

    Cela aurait qui plus est l’avantage de donner une triple lisibilité – une seule personne -, efficacité – on sait à qui l’on doit s’adresser – et compétence – en choisissant un professionnel de ce domaine – à l’action menée.

  • Calcul

    Oui, je maintiens que 50 000 euros de budget pour une seule personne dans le cadre de Sciences Po, ça fait beaucoup trop. Autant redistribuer cet argent à telle ou telle association locale de défense de l’environnement qui ont souvent bien du mal à trouver des ressources budgétaires ! Le référent de Sciences Po pourrait très bien se contenter d’organiser des conférences sur le sujet, comprises dans le budget global de Sciences Po, continuer les ruches puisqu’elles ne coûtent semblent-ils rien, etc. On lui donnerait un rôle pompeux de « veille de la sensibilité environnementale de Sciences Po », ce serait bien suffisant.

  • Jonas

    Grosse déception. Après le premier article qui posait quelques vraies questions et un journaliste investigateur, voila une bien mauvaise utilisation du droit de réponse.

    Cet article donne encore plus envie de brûler sciencespo environnement ; on ne sait toujours pas ce qu’ils ont fait de ces 80 000, ce qui est sûr, c’est que même le miel et les gobelets n’en sont pas sortis ; il n’y a aucune réponse aux questions posées.

    Ce papier parle uniquement du statut de l’assoc, alors qu’on voudrait savoir concrètement ce qu’ils font. Au lieu de parler bureaucratie et partenariats, on l’a compris, l’argent vous en avez, pourquoi ne pas parler projets ??

    SUGGESTION : si tout le monde s’accorde sur votre très bon bilan financier et moral, pourquoi ne pas mettre en ligne vos rapports/un fichier qui détaillerait vos postes de dépense ?
    Merci

  • @Calcul

    Et de là à penser que le travail fait par tous les étudiants de SPE peut être remplacé par un seul référent ? c’est un peu illusoire ! Si l’on regarde le chemin qu’il reste à parcourir, c’est au moins 2 ou 3 chargés de l’environnement qui seraient nécessaires, cela redevient raisonnable non ?
    Il faut de plus INSISTER sur ce que certains ne comprennent pas, ce budget de 80 000 n’est pas intégralement dépensé chaque année loin de là !

    Une dernière chose : la notion de service aux étudiants ? C’est certain que l’action de SPE est moins visible que les playlists pourries du BDE (qui elles sont, malheureusement, trop audibles), mais c’est une action de fond, et de long terme !

  • @Calcul @Antoine

    Aux tautologues = Ce n’est pas tout de payer le référent, il faut aussi lui donner les moyens d’agir… soit 85.000€ qui s’ajoutent aux 30.000€ que vous annoncez. Au final, c’est toujours moins cher.
    Parce que les étudiants de Sciences Po environnement ne comptent pas leurs heures et ne sont pas payés pour ce qu’ils font. Même si leur travail est remarquable, force est de constater qu’il aurait mieux valu qu’une personne à temps plein se charge de la question.

  • Calcul

    « Ramené par tête, le budget qui nous est alloué (85.000 euros) ne représente que 8 euros à chaque étudiant. On peut par ailleurs le comparer à ce que coûterait un an de salaire d’un référent pour l’environnement. »

    Bah oui, on peut le comparer, ça ferait 12 x 2 500 euros = 30 000 euros. Pourquoi, vous voudriez payer ce référent plus de 85 000/12 = 7 000 euros par mois ?

  • Joe

    Loin de moi l’idée de vouloir absolument blanchir RD dans cette affaire, mais il faut quand même que vous arrêtiez de faire des procès d’intention sur la base d’un simple « partage » d’article.

  • Abeille

    « Le véritable problème est que vous êtes la seule association permanente à ne pas être au service des étudiants. » Ah bon ?
    Ah oui, c’est vrai, faire boire les étudiants, jusqu’à l’accès de violence, c’est leur rendre service…

    Longue vie à Sciences Po Environnement !