Conférence « Et maintenant ? » : Quelles idées et perspectives forgent notre société aujourd’hui ? 

Vendredi 16 septembre, en Boutmy, France Culture et Arte ont animé une discussion à partir d’un questionnaire public intitulé “Et maintenant ?”. Comprenant 77 questions à choix multiples, il permet d’identifier les “idées, les voies nouvelles qui tracent les perspectives de demain dans différents domaines”, tel que présenté par les organisateurs.Nous proposons ici un retour sur ce débat, qui a ouvert le bal d’une journée de conférences dans le cadre de la cérémonie des 150 ans de Sciences Po.

« Je discute politique avec des potes. Ils me sortent un truc qui me choque vraiment » : 

  1. « Quels abrutis, je ne veux plus les voir »
  2. « Bof, chacun pense ce qu’il veut »
  3. « On va en reparler, je ne vais pas les lâcher »

57% des 63 000 sondés ont coché la réponse C : « On va en reparler. » 

Un débat horizontal      

La forme même de la rencontre répond à cet appel à la discussion. Personne ne montera sur l’estrade de l’amphithéâtre Emile Boutmy aujourd’hui ; à la verticalité des conférences prévaut l’horizontalité du débat. Sous la supervision bienveillante d’Emmanuel Laurentin et d’Henriette Souk, respectivement journalistes à France Culture et à Arte, chacun est appelé à prendre la parole. La diversité de l’assistance permet de faire varier les points de vue, les étudiants sont loin d’être majoritaires dans l’amphithéâtre. D’un étudiant exprimant son éco-anxiété à une Brésilienne affolée par les idées émanant de l’extrême droite qui secouent son pays, en passant par un ancien soutien politique de René Dumont (premier candidat à paraître sous une étiquette écologiste à une élection présidentielle française en 1974) ; nombreux sont ceux qui osent s’exprimer afin de discuter des problématiques soulevées. 

Les idées de demain en discussion 

C’est en effet la nécessité de persévérer dans le débat en tant que mode de communication qui ressort principalement de cette discussion. L’objectif du questionnaire accessible à tous sur le site du festival “Et maintenant ?” est de nous faire réfléchir à notre conception de la citoyenneté et à ses implications, ainsi qu’à notre positionnement par rapport à l’avenir. Par la manière simple, parfois sommaire, dont sont formulées les questions, France Culture et Arte espèrent engendrer une forte participation des jeunes. À ce jour, près de 80 000 personnes ont répondu au questionnaire, dont les résultats seront interprétés courant octobre par Monique Dagnaud, sociologue et directrice de recherche au CNRS. Les grands questionnements qui nous agitent actuellement sont abordés, de l’urgence climatique à l’importance prise par le numérique dans nos vies. Dix des 77 questions ont alors été retenues par les journalistes afin d’être débattues en Boutmy. Parmi elles : “Dois-je boycotter tout ce qui est russe ?”, “Si demain mon pays est occupé je fais quoi ?” ou encore “Ma rue porte le nom d’un vieil esclavagiste, que faire ?”.  Nous vivons dans un monde compliqué, entre la crise climatique et la guerre en Ukraine, l’assistance se dit globalement angoissée par notre époque. 

Un « Sciences Piste » cristallise cependant ce qui est dit dans l’amphithéâtre par les participants au débat à travers cette formule : « La question n’est pas le « je », mais le « nous » de la société toute entière. » L’égoïsme, l’individualisme, et le manque de coopération internationale sont décriés par les intervenants. L’inaction des générations qui nous ont précédé quant au dérèglement climatique également. Le constat est sans appel, nous devons dépasser ces attitudes stériles ; de l’union viendra la voie vers le progrès. L’important est de continuer à communiquer, à éduquer et à s’éduquer dans le même temps. Même si le débat peut s’avérer houleux, parfois douloureux, c’est lorsqu’il est abrégé et évité, que l’état global de notre société doit nous inquiéter. Ne pas rompre le dialogue pour continuer à grandir ensemble.

Et maintenant, à quoi faut-il se préparer ? À affronter le pire ? 70% des sondés pensent plutôt que nous avons à “construire le meilleur”… Et vous ?