Conférence: A Closer Look at the US primaries

Ce jeudi 17 janvier a eu lieu une conférence organisée par Transatlantique, en partenariat avec l’ambassade américaine et la French-American Foundation. Tenue par Jerry Hagstrom, un éminent journaliste américain et spécialiste des élections présidentielles qu’il couvre depuis 1976, la conférence portait sur les primaires américaines.

Pour Jerry Hagstrom, cette année électorale sera une ‘funny year’ car elle met en opposition des personnages hauts en couleur. Les résultats étant encore indécis (du moins avant le ‘Super Tuesday’, le mardi 5 février prochain, où une vingtaine d’Etats choisiront leurs délégués à envoyer à la Convention nationale des deux partis), il semble nécessaire de présenter les différents candidats pour se faire une idée de ce qu’est l’échiquier politique actuel.

Du côté des Démocrates:

Pour J. Hagstrom, les deux seuls candidats susceptibles de rafler plus de la moitié des votes sont Hillary Clinton et Barack Obama. Hillary Clinton a une expérience politique très riche ; sénatrice de New York depuis 2001, elle a hanté les coulisses du pouvoir quand elle était encore First Lady. Cependant, elle traîne quelques casseroles : son échec en 1994 à mettre en place un système de protection sociale efficace la suit toujours et beaucoup la jugent trop ‘liberal’ (au sens américain du terme) et aimerait bien la voir échouer (on parle même des ‘Hillary haters’ qui la traite-ô horreur !- de socialiste). Malgré ceci, ses origines méthodistes lui font gagner le vote de nombreuses populations rurales traditionnellement conservatrices car elle est considérée comme une femme simple, proche des gens et honnête.

A l’inverse, Barack Obama est bien moins expérimenté politiquement (il n’est devenu sénateur de l’Illinois qu’en 2005), mais il a une forte personnalité et un parcours assez inhabituel pour un homme politique américain : né à Hawaï, d’origine kenyane, enfant de divorcés, ayant vécu et étudié à l’étranger, il est loin de ressembler à ses rivaux, beaucoup plus traditionnels. Il est largement populaire chez les plus jeunes par rapport à Hillary, vue comme la maman légèrement casse-oreille. La population afro-américaine devrait lui apporter son soutien, bien qu’il refuse de mettre le sujet de l’esclavage sur le devant de la scène, car une grande militante des droits des Noirs aux Etats-Unis, Oprah Winfrey, lui a apporté son soutien le mois dernier. De plus, du fait de sa grande expérience internationale, il est susceptible d’avoir une politique étrangère prévoyante et multilatérale s’il occupait le bureau oval.

Pour Jerry Hagstrom, les sujets soulevés par les deux candidats sont sensiblement les mêmes et ils ne divergent que sur certains points (qui ne sont pas minimes tout de même : Hillary Clinton a voté les crédits pour la guerre en Irak tandis qu’Obama a toujours été contre). D’ailleurs, beaucoup de démocrates hésitent, trouvant tout aussi crédibles les deux candidats.

Quoiqu’il en soit, ces primaires resteront dans l’histoire car ce sera la première fois qu’un Afro-américain et une femme seront l’un des deux grands candidats aux présidentielles aux USA.

Du côté des Républicains :

Le consensus n’est pas à l’ordre du jour chez les Républicains qui ont quatre candidats majeurs dans la course, ayant tous des idées assez divergentes de ce que doivent être les Etats-Unis. John McCain : il est l’un des plus expérimentés de la bataille, étant sénateur depuis 1986. Malheureusement, son âge assez avancé (il aura 73 ans le jour de l’investiture de futur Président américain) est un large désavantage qui risque de l’handicaper lourdement pour le reste de son parcours.

Mitt Romney : il est un candidat très particulier car il a grandi dans un milieu Mormon, ce qui peut lui retirer les voix de nombreux Evangélistes, ceux-ci considérant que les Mormons ne sont pas chrétiens. De plus, il a tenu des propos en faveur de l’avortement et des droits homosexuels avant de se rétracter, chose que les Protestants intégristes ne lui ont toujours pas pardonnée.

Mike Huckabee, longtemps sénateur de l’Arkansas, se voit lancer de nombreuses critiques basées sur l’incohérence de son programme économique et de son inexpérience en matière internationale. Cependant, son côté très Chuck Norris dans Texas Ranger pourrait lui rapporter de nombreux votes évangélistes, notamment au sud, qui semble apprécier le genre cow-boy.

Le dernier candidat et ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, n’est pas pour J. Hagstrom un candidat réellement plausible car d’une part il ne s’investit pas réellement dans la campagne pour le moment et d’autre part il en est à son troisième mariage, ce qui ne passe pas vraiment chez les Républicains. Cependant, il ne repousse pas la possibilité d’une percée soudaine, mais tardive.

Le Parti Républicain est donc bien plus divisé que le Parti Démocrate, et le candidat choisi risque de ne pas être supporté par l’ensemble du Parti car généralement, si l’on en aime un, on hait les autres. Par exemple, les socio-démocrates, qui sont passés du camp démocrate au camp républicain dans les années 80, risquent de repasser au camp démocrate si le candidat conservateur refuse de prendre en compte les problèmes économiques de la petite classe moyenne dus à la crise des subprimes.

Après une telle monographie, revient la sempiternelle question : mais qui sera le 44ème Président des Etats-Unis d’Amérique ? Pas de tel scoop sur LaPéniche.net, mais selon Jerry Hagstrom, les deux camps ont leur chance car les Républicains sont spécialistes des programmes de protection sociale et les Démocrates de l’économie, qui restent les deux sujets majeurs de la campagne.

5 Comments

  • Charles

    en réalité, ce que voulait dire J. Hagstrom, c’est que contrairement à Hillary, c’est qu’il a beaucoup vécu à l’étranger, qu’il a aussi un père d’origine kényane et que donc il a certainement une vision multilatérale de la situation internationale. Il a aussi précisé qu’avec lui la politique internationale sera plus prévoyante que réagissante.

    Après que tu considères qu’il est inexpérimenté, tu en as tout à fait le droit!!

  • Bill

    Les femmes de la communauté afro-américaine se sont re-tournées vers Hillary apparemment, mais que de sondages qui se contredisent, de toute façon!

    D’où est-ce que B. Obama sortirait son expérience internationale en 3 ans, restera une énigme!