« C’est très dangereux de donner le sentiment qu’il y aurait une espèce de sauve-qui-peut d’appareil »
ENTRETIEN – Olivier Marleix, député (LDR) d’Eure-et-Loir, s’exprimait pour La Péniche sur les actualités nationales et internationales, avant la chute du Premier ministre Barnier et de son gouvernement.
LA PÉNICHE. – La France et les États-Unis ont annoncé un cessez-le-feu entre Israël et le Liban. S’agit-il d’une étape encourageante pour une paix définitive au Proche-Orient ?
Olivier MARLEIX. – Israël s’est engagé dans une opération de sécurisation qui se veut une sorte d’opération ultime et définitive d’élimination de ses ennemis. Israël vivait sous la menace des lance-roquettes du Hezbollah, de l’influence iranienne via Gaza et l’attaque terroriste du 7 octobre a montré la fragilité profonde de cette situation. Ce qu’on peut observer, c’est qu’il n’y a en réalité pas beaucoup de pays arabes qui ont contesté ce droit d’Israël à organiser sa sécurité et que l’Iran reste seul et semble dans un entre-deux. Oui il y a eu des attaques directes mais les ripostes iraniennes sont restées dans le domaine de la riposte raisonnée. Ce conflit doit évidemment se terminer notamment pour les populations civiles de Gaza qui subissent une situation tragique et puis pour ne pas démolir davantage le Liban. Je pense que le cessez-le-feu est évidemment nécessaire, avec une échéance qui est une sorte d’épée de Damoclès pour tout le monde qui est le changement d’administration aux États-Unis. Avec Trump, les Israéliens auront le président le plus pro-israélien de l’histoire, donc même le Hezbollah a intérêt à cesser les hostilités avant.
Est-ce que c’est la diplomatie aussi qui peut sauver l’Ukraine ?
Entre la guerre et la diplomatie, il faut quand même préférer la diplomatie. Simplement, pour la diplomatie il faut être deux par définition. Et donc on peut penser que le camp occidental – États-Unis, Union Européenne – aurait une préférence fondamentale pour la diplomatie, parce qu’aux États-Unis, je ne pense pas qu’on soit prêt à mourir pour le Donbass, etc. La seule question est de savoir si Poutine acceptera de rentrer dans une phase de diplomatie, ou si finalement derrière, quand on voit la présence de soldats Nord-coréens, quand on voit la vraie organisation de l’Axe du Mal aujourd’hui : est-ce qu’il n’y a pas une envie fondamentale de redistribuer les cartes de ce qui est l’organisation du monde depuis 1945 ? Dans ce cas-là, la diplomatie ne suffira pas. Il n’y a pas 50 chemins : c’est la diplomatie ou la guerre et il faut toujours espérer que la diplomatie évite l’extension de la guerre.
Vous évoquez les États-Unis ; la réélection de Donald Trump change-t-elle réellement quelque chose aux relations franco-américaines ? Surtout quand on repense à l’affaire des sous-marins australiens, et donc au fait que les États-Unis semblent toujours avoir eu des rapports spécifiques avec la France…
Les Américains sont fondamentalement des frères en valeur, notamment sur la croyance dans la démocratie, la liberté. Mais, en même temps, ce sont un peu des faux frères en matière de commerce international. Ils font tout simplement ce que font toutes les nations normalement constituées : défendre leurs intérêts, dans les domaines économique et commercial. Qu’est-ce que change l’élection de Trump ? Plus que jamais un président « America first », donc l’Amérique d’abord, la défense de ses intérêts. Cela dit, il ne faut jamais s’exagérer les mouvements, c’est-à-dire que l’administration Biden avec l’Inflation Reduction Act a déjà fait beaucoup en termes de déséquilibre des situations économiques des deux blocs que sont les États-Unis et l’Europe. En réalité, je ne suis pas sûr que sur la question de la compétition économique ça change grand-chose. Le principal enjeu, c’est qu’on a un président qui est quand même plus isolationniste en termes de façon dont les États-Unis ont ou pas à mettre leur nez dans des conflits. Ce n’est pas un fait nouveau que l’administration Clinton était plus interventionniste, plus idéaliste que les Républicains ces dernières années, et Trump en particulier qui, de manière assez surprenante d’ailleurs par rapport à l’image qu’il donne, est plutôt quelqu’un qui n’aime pas la guerre. On ne peut pas lui faire ce reproche d’avoir excité les conflits, au contraire. Sa défense des intérêts des Américains fait que le vrai challenge est plutôt un risque réel de désengagement des moyens américains à l’OTAN. Et en échange une proposition des Américains de vendre des armes à l’Europe. En clair, notre défense, désormais, il va falloir qu’on se la paie. Il y a beaucoup de débats européens d’ailleurs en ce moment sur le projet de règlement sur la politique d’industrie et de la défense européenne. Il va falloir qu’on finance nous-mêmes notre sécurité, quitte à la payer en achetant des armes aux Américains. Petit paradoxe auquel le gaulliste que je suis a du mal à adhérer. Je pense que le principal changement sera sur le domaine militaire.
Pour casser son monopole, la justice américaine souhaite que Google vende son moteur de recherche Chrome. Le député PS Philippe Brun disait en septembre à Sciences Po sa volonté de faire réellement appliquer la règlementation européenne aux GAFAM, et donc de les découper. Partagez-vous sa position, qui rejoint un peu celle des États-Unis ?
Je pense que c’est une nécessité, et même une nécessité absolue. C’est sans doute un des principaux enjeux des 10 ans qui viennent, même si on peut un peu douter d’ailleurs de ce que sera la volonté de Trump là aussi, quand on voit la confusion avec Elon Musk aujourd’hui sur ces sujets-là. Le principal enjeu pour les États, c’est d’éviter la constitution de ces monopoles. Ça va être un combat assez titanesque parce qu’en réalité, qui a les moyens de s’y opposer ? Là-dessus, il faudra une volonté politique forte aux États-Unis. C’est un débat qui existe, ça fait plusieurs années que des procureurs ont engagé ces combats-là. On ne peut pas être le pays de la liberté d’entreprendre et tolérer des monopoles. Ça vaut pour les États-Unis et ça vaut pour l’Europe. Ceux qui s’attaque à ce chantier s’attaquent à un chantier absolument colossal et qui sera forcément le pot de fer – et plus que du fer d’ailleurs – contre le pot de terre.
Dans une tribune au Monde vous vous indigniez de l’annonce du ministre Antoine Armand d’un accord tripartite entre Sanofi, CD&R et le Gouvernement. Vous regrettiez aussi, au Figaro, les jeux d’ego de la droite et aujourd’hui il y a des élections législatives partielles dans trois circonscriptions et pas de candidats communs de la droite et du bloc central. Est-ce que tout cela ne concourt pas à décrédibiliser ce socle commun ?
Sur le premier sujet, j’ai soutenu Montebourg en 2014 lorsqu’il a pris son décret – alors que dans ma famille politique certains disaient « oh la la mais quelle horreur ce décret, on va tuer l’attractivité de la France ». Non, tous les États ont appris à se protéger contre des acquisitions étrangères qui pourraient léser l’intérêt national. Les champions en la matière ce sont les Américains qui ont une législation ancienne sur ce domaine, le Committee on Foreign Investment in the United States. D’ailleurs j’observe que depuis 2014, l’Union Européenne elle-même a totalement changé – probablement sous l’influence des Américains – son regard sur cette question-là. Alors qu’elle combattait avant les règlementations de type contrôle des investissements étrangers, depuis 2019 elle les encourage.
Quand il y a une cession, je veux que la loi soit appliquée. Grâce à l’UE, on a une liste de 21 secteurs dits stratégiques – à peu près la même aux États-Unis d’ailleurs –, et il y a une procédure : on doit demander une autorisation à Bercy, qui doit faire par les ministère compétents un examen de la situation pour savoir en quoi l’intérêt national est menacé par cette acquisition. En clair, on est en train de reconstruire une filière de paracétamol – je parle de la production de la molécule – : est-ce que c’est logique, cohérent de vendre le distributeur derrière ? Avant on avait le distributeur mais on n’avait pas la production. Et comment sinon on y remédie ? En fait, c’est quelque chose de très sain qui existe partout dans le monde. Il n’y a qu’en France depuis une vingtaine d’années qu’on faisait exprès de regarder ailleurs et on faisait semblant de poser ces questions-là comme étant illégitimes. Donc je n’ai fait que rappeler cette nécessité… J’ai eu l’occasion d’en parler personnellement avec le Premier ministre et lui-même est conscient qu’il faut sortir de la naïveté sur ces sujets-là. Il le dit, il emploie ce mot « naïveté » régulièrement. J’avais présidé la commission d’enquête sur la vente d’Alstom, d’Alcatel, etc. et j’observe que l’État a racheté les turbines d’Alstom, les câbles sous-marins d’Alcatel… c’est que visiblement ces ventes ne sont pas une totale réussite : à l’époque on aurait dû mieux les protéger, trouver d’autres solutions. Sur Atos, l’État est en train d’en racheter un petit bout pour 500 millions – alors qu’on aurait pu avoir tout Atos pour la même somme. Donc je ne fais que rappeler quand même ce qui doit se passer dans un pays normal qui défend ses intérêts.
Sur le second sujet, je crois qu’aujourd’hui ma famille politique, il y a un patron qui est le Premier ministre, aujourd’hui il faut être derrière lui. Aujourd’hui, on a un pays au bord du précipice, au bord d’une crise grave, donc il faut être un peu responsables. Mais Les Républicains n’ont pas exactement les mêmes convictions que les macronistes, donc on verra au second tour et on choisira.
N’y a-t-il pas quelque chose de dérangeant dans le fait que le RN puisse décider du maintien (ou pas) du Gouvernement ?
Il n’y a pas que le RN. En réalité, c’est le RN et le PS. Je n’ai aucune illusion sur LFI qui est un parti anarchiste et très clairement installé dans la négation de beaucoup de choses, y compris des valeurs les plus fondamentales. Leur proposition de loi pour supprimer le délit d’apologie du terrorisme est assez stupéfiante dans un pays où il y a 237 morts du terrorisme et un millier de blessés ces huit dernières années.
Après il y a des gens qui sont censés être raisonnables, qui sont censés mesurer la situation dans laquelle est le pays… et qui d’ailleurs en réalité n’ont pas forcément envie de gérer cette situation pourrie. Ça vaut pour le PS et c’est censé valoir pour le RN si vraiment ils sont devenus un parti politique normal comme ils prétendent l’être.
Il faut qu’ils se comportent comme autre chose que l’allié de LFI. Je pense qu’ils sont en réalité otages de leur démagogie. Ça montre qu’ils ne valent pas forcément beaucoup mieux en tant que parti politique – je ne parle pas de leurs électeurs – que LFI. Comment est-ce qu’on peut décemment faire campagne aujourd’hui en promettant la retraite à 62 ans, en refusant toute réforme des assurances chômage, en refusant les 15 heures d’activité pour les allocataires du RSA ? Faire croire qu’on pourrait établir des finances uniquement en mettant les immigrés à la mer me paraît un tout petit peu sommaire quand même. Un énorme mensonge. Pour moi, ça reste un parti d’extrême-droite. Puisqu’un parti dont l’essentiel du programme reste xénophobe est un parti d’extrême-droite.
Vous étiez un des premiers à promouvoir le rapprochement entre le bloc central et la droite…
Ce n’est pas exactement ça que j’ai voulu promouvoir. Je n’ai jamais vu dans le macronisme beaucoup de consistance idéologique. À part celle d’un grand libéralisme des affaires, qui pour moi est une forme d’illibéralisme en réalité. On ne peut pas considérer qu’aujourd’hui nous sommes vraiment une économie libérale quand les acteurs économiques nationaux sont à ce point exposés à une concurrence mondiale déloyale : tous ceux qui ne sont pas assujettis à la fiscalité et aux normes de production françaises se portent par définition mieux que les entreprises françaises. En dehors de cette espèce de grand projet mondialiste, je n’ai jamais bien compris ce qu’était l’idéologie macroniste que je trouve assez plastique en réalité. En revanche, au lendemain des dernières législatives, comme je ne voyais pas de solution possible à gauche, il me semblait que la seule solution était que Macron choisisse un Premier ministre de droite, c’est un petit peu différent. Et charge à cette personnalité – ça a été Michel Barnier mais ça aurait pu être Borloo, Bertrand ou je ne sais qui d’autre – de recomposer à son tour quelque chose. J’aime bien ce que fait Barnier.
Au vu contexte actuel, appelleriez-vous le PS à venir élargir le socle commun ?
Je pense que c’est quand même très dangereux de donner le sentiment, aux Français qui aujourd’hui votent pour le RN notamment, qu’il y aurait une espèce de sauve-qui-peut d’appareil. En 2015, beaucoup de régions de droite ou socialistes se sont vues challenger par la montée du FN et on a entendu des gens comme Raffarin d’un côté ou Valls de l’autre dire « oh finalement il n’y a pas tant de différences entre la droite républicaine et la gauche républicaine, est-ce qu’on pourrait pas faire un truc ensemble ? »… ça donnait le sentiment d’un horrible sauve-qui-peut. Je pense que ça encourage les gens dans ce cas-là à poursuivre ce dégagisme d’une classe politique qui semble n’émettre comme seule préoccupation que de se sauver elle-même. On l’a vu concrètement dans le département voisin du mien, l’Eure, où Bruno Le Maire et Lecornu ont quitté Les Républicains pour rejoindre Emmanuel Macron : aujourd’hui vous avez quatre députés RN et un NFP. On ne peut pas dire que ce soit une brillante réussite. Je ne crois pas dans ces grands amalgames, qui ne sont pas fondés sur des valeurs solides. Je suis désolé mais quand Édouard Philippe ou Bruno Le Maire rejoignent Emmanuel Macron, ils ne le font pas au terme de discussions programmatiques. Le Maire, son grand dada c’était « je veux supprimer la CSG », et qu’est-ce qu’il fait ? il augmente la CSG. Non, c’était juste des choix personnels un peu opportunistes et je pense que c’est la pire des choses en politique.
Aujourd’hui, c’est différent, moi je ne demande au PS de se fondre dans le truc, pas plus que je n’aie envie que Les Républicains se fondent dans… un je-ne-sais-quoi d’ailleurs. Je pense qu’il y a des circonstances qui amènent à être responsable, c’est un tout petit peu différent. Donc je ne demande au PS d’applaudir Michel Barnier, je leur demande de réfléchir avant de participer au chaos. Si Barnier tombe demain, on est partis pour une crise politique dont on sait qu’il n’y a pas de solution de toute façon avant une prochaine dissolution, qui de toute façon n’amènera pas de réponse à la crise politique puisque l’Assemblée restera divisée en trois blocs peu ou prou. Ce qu’on réussira peut-être, c’est faire monter la part du RN.
Je pense qu’au terme de ces sept années au cours desquelles le Président Macron a quand même un peu brouillé les pistes politiques, il y a besoin au contraire de ne pas perdre de vue quand même des différences essentielles de long terme, qui n’interdisent toutefois pas d’avoir des attitudes plus ou moins constructives. Quand j’étais président de groupe de 2022 à 2024, je n’étais vraiment pas fongible dans le macronisme mais ça ne m’a pas empêché de m’entendre avec Madame Borne sur le vote de la réforme des retraites – si elle a eu besoin du 49.3 c’est peut-être parce qu’il manquait des voix chez nous mais chez eux aussi même s’ils le disent moins –, sur la réforme de l’assurance chômage, sur le RSA… On a su avancer. On militait depuis 10 pour le retour du nucléaire, on a fini par avoir gain de cause. Il y a quelques grandes causes sur lesquelles on peut s’entendre sans créer de confusion par ailleurs.
Si le gouvernement venait à être renversé par une motion de censure, la solution serait-elle, comme certains le disent, un départ du président de la république ?
Je suis respectueux des institutions. Le président de la République, vous ne pouvez rien lui imposer, il aura d’autres possibilités de former un gouvernement. Je pense qu’effectivement il aura du mal à le faire. Nous on est en soutien de Michel Barnier parce que c’est Michel Barnier. Ce n’est pas sûr que je soutiendrais le retour d’un Premier ministre comme Lecornu ou je ne sais qui comme on le lit ici ou là. Je pense que ça soulèverait une crise politique importante dont on ne sait pas quelle serait la solution.
Vous êtes également diplômé de Sciences Po. Comprenez-vous toute cette agitation médiatique autour de notre école aujourd’hui ?
Oui, puisque Sciences Po a un peu donné le sentiment parfois d’une forme de bienveillance envers le wokisme en accueillant ces thèses et en leur offrant des tribunes. Je pense que la France garde une place singulière quand même dans le monde par la relation qu’elle a su créer avec le continent africain, avec d’autres espaces grâce à la francophonie, y compris en Asie du sud-est, en Amérique du nord… Et nous laisser amalgamer par ce mouvement né aux États-Unis, qui trouve ses racines dans un régime d’apartheid existant jusqu’il y a quelques décennies seulement, paraît très infidèle à notre histoire. Je ne dis pas que notre histoire coloniale, et postcoloniale d’ailleurs, n’est que glorieuse. Il y a ce débat aussi parce que les régimes de ces pays n’ont pas toujours été soucieux prioritairement du bien de leur peuple, avec des problèmes de corruption, etc. Que la France ait donné le sentiment d’être trop bienveillante avec certains régimes, ça peut se discuter. Mais assimiler la France aux États-Unis, participer à ces mouvements universitaires américains qui réécrivent totalement l’histoire… tout cela ne nous ressemble pas, ne ressemble pas à notre histoire et je pense qu’il faut le combattre en France parce que c’est vraiment notre identité que ça insulte. Encore l’histoire coloniale de la France, ce n’est pas qu’une histoire horriblement mercantile. C’est sous la IIIe République que ça s’est fait, c’est aussi une époque où on a eu des idéaux républicains, où on a voulu apporter l’esprit des Lumières…
Sciences Po ne doit pas être une école qui concourt à abimer l’identité de notre pays et à construire une lecture fausse de son histoire.
On peut dire que vous avez « la politique dans le sang » : votre père a été député, maire, ministre, votre mère maire également. Auriez-vous des conseils à donner aux étudiants de Sciences Po, ou d’ailleurs, qui souhaiteraient s’engager dans la chose publique ?
La vie politique est dure, et ces dernières années a été extrêmement bouillonnante… je suis toujours admiratif des jeunes qui, malgré tout, s’intéressent à la vie politique. La vraie difficulté c’est d’arriver à se construire un esprit critique aujourd’hui. Pour moi c’est une petite révolution, parce que j’ai été formé dans une époque où la vie politique était assez simple : il y avait une droite, une gauche. À gauche, il y avait un bloc dominant qu’était le bloc social-démocrate, même s’ils ne se définissaient pas tout à fait comme tels, et à droite la famille gaulliste. Depuis, tout ça a explosé et c’est sans doute beaucoup plus compliqué aujourd’hui avec des clivages qui sont assez nouveaux. On ne peut pas avoir un bloc à droite aussi radical, dont une fois encore le projet reste propice à la xénophobie. Une gauche aussi radicale, qui partage une espèce de détestation de la France. Et un bloc central, comme on dit, dont on ne comprend pas bien les valeurs fondamentales et dont on a peu le sentiment ces dernières années qu’il a manqué d’empathie pour la pays profond…
Les questions d’identité, qui sont importantes dans la mondialisation, ne doivent pas être l’apanage de l’extrême droite. Les questions d’environnement, qui sont essentielles – le réchauffement climatique est là, il ne se discute pas – ne doivent pas être l’apanage de la gauche. Je suis très ouvert aux débats d’idées sur la définition d’un certain nombre de biens communs, notamment les travaux de Gaël Giraud sur ce qu’on doit considérer comme bien commun dans notre économie : peut-être que tout ne doit pas être marchandisé.
Le seul conseil que j’aurais c’est de s’ouvrir le plus possible les esprits, de lire le plus possible, d’écouter les gens les plus différents possibles, parce que je pense que la vie politique des 20 prochaines années est totalement à reconstruire.
Propos recueillis le 27/11/2024.