Blocage de l’IEP : les réactions des syndicats 3 (Nouvelle Donne)

-1.jpgNouvelle Donne, qui n’a pas été très visible pendant l’occupation de mardi, n’a pas été contactée spontanément par nos rédacteurs. Cependant ils ont manifesté l’envie de faire valoir leur participation, et de nous donner leur position sur les événements récents.

Matthieu Creux a donc répondu à nos quelques questions.

Photo: LB

Penses-tu que le blocage de mardi soit légitime?

Non. ll est légitime de vouloir faire valoir ses revendications, mais il n’est pas légitime d’empêcher les autres d’étudier. Ils sont libres de le faire.

La liberté de manifester des uns s’arrête là où la liberté d’étudier des autres commence.

Et puis Ils peuvent très bien manifester autre-part. Sciences Po est une cible faible pour ces étudiants, et c’est pour que cela ne soit pas permanent que Nouvelle Donne se mobilise.

Quelle était la position de Nouvelle Donne mardi, au moment du blocage?

Nous avions déjà prévenu la direction qu’il fallait lancer le débat, permettre à tous de s’exprimer et notamment recevoir l’Ecole doctorale. Nous sommes moins directement concernés à notre sens, pour différentes raisons: nous sommes un syndicat « local » et non national, la réforme ne concerne pas Sciences Po et nous n’avons pas d’élus au Conseil doctoral. Il nous est donc difficile de nous exprimer.

Mais Nouvelle Donne a été créé en 2006 précisément pour protester contre les blocages contre le CPE: nous retrouvons donc toute notre légitimité ici. Nous avons créé un comité anti blocage qui regroupe plus de 200 personnes sur Facebook et avons l’intention de faire valoir ce soutien auprès de Richard Descoings qui nous recevra la semaine prochaine.

Pour nous, il est hors de question que le débat se fasse à Sciences Po.

Que penses-tu du fait que l’IEP soit visé par la colère des étudiants des autres universités? Cela te paraît-il légitime?

Pour citer Arnaud Bontemps de l’UNEF, les étudiants qui veulent éliminer le système des IEP le font en se basant sur les inégalités avec les universités, en termes de conditions matérielles et financières notamment. Je pense qu’il faut que les IEP tirent l’université vers le haut plutôt que l’inverse. Nous prendre comme modèle ne serait pas une mauvaise chose.

Regardez-nos, faites comme nous

Que penses-tu de l’avenir de ce mouvement? D’autres blocages, des manifestations… ou juste une fausse alerte?

Je crois qu’on est à un tournant stratégique: soit on laisse les étudiants prendre l’habitude d’utiliser Sciences Po comme un endroit à bloquer systématiquement pour se faire de la pub et passer au journal; soit on empêche que ça n’arrive à nouveau.Il faut dire stop. Sciences Po n deviendra pas une cible, quelle que soient les raisons invoquées. Il y a d’autres moyens de se faire entendre: video buzz sur internet, manifestations, etc.

Parmi les bloqueurs mardi, 15 seulement sur 150 étaient de Sciences Po.

13 Comments

  • s

    « Nous prendre comme modèle ne serait pas une mauvaise chose. »

    au risque de me répéter :

    Sciences Po se présente très souvent comme un modèle, à la fois en terme d’efficacité (insertion professionnelle, « image »…), mais aussi de justice sociale (ouverture aux ZEP, suppléments bourses…). Ces « réussites » reposeraient sur son autonomie, sa capacité à s’adapter dans un univers de concurrence, la possibilité de moduler les droits d’inscription… En réalité, son financement privilégié, et la sélection sociale à l’entrée en sont les plus sûrs ingrédients.
    Quand à l’ouverture sociale vers les ZEP, elle est évidemment appréciable, mais marginale ; surtout elle ne doit pas être confondue avec de la redistribution ou de la justice sociale : il s’agit d’une politique d’investissement dans le potentiel des élèves les plus talentueux. L’IEP a la clairvoyance de reconnaître l’intelligence dans les quartiers populaires, cela ne veut pas dire qu’il s’inscrit dans une logique de service public pour tous. Ce genre de politiques est pratiqué par de nombreuses facs américaines, et les études montrent que cela ne permet pas de compenser la privatisation des financements, de plus en plus orientés vers les classes supérieures (plus « rentables »).

    Cf. Annie Vinokur, Pouvoir de décision et financement en éducation

  • T.D

    «  »quand quelqu’un d’autre que SUD ou l’Unef essayé [sic] de s’exprimer il se faisait hué [sic] »
    Preuve de l’absence de cette personne le jour J. »

    Désolé mais c’est totalement vrai. Pour avoir été la du début à la fin, des personnes insultaient les étudiants de ScPo qui réagissaient contre, les empêchant de parler.

    Enfin, tous ces débats ne sont qu’accorder trop d’importance et de crédibilité à ce petit groupe d' »anarchistes » sans idée ni rien dans la tête. Le mieux est d’oublier, et tout le monde en fera autant à leur égard.

  • moa

    oulah, qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre…

    « quand quelqu’un d’autre que SUD ou l’Unef essayé [sic] de s’exprimer il se faisait hué [sic] »
    Preuve de l’absence de cette personne le jour J.

    « Ils [ND et l’UNI] ont aussi été les premiers à réagir et à prendre officiellement position contre cette action ! »
    Lis le journal, regarde le JT, renseigne-toi un minimum avant de parler, tu diras peut-être moins de bêtises.

    « les types de nouvelle donne ne [sont pas] reconnus a leur juste valeur »
    En fait : L’UNI dit exactement la même chose, mais juste depuis plus longtemps, avec des mots différents. Belle valeur !

  • Maxence

    LaPéniche.net est un vrai média. Ca implique qu’il faut insister pour avoir une fenêtre médiatique. Et en l’occurrence, ND n’a tracté que 2h en deux semaines. Je ne sais pas si ND n’est pas reconnu à sa « juste valeur », et je ne cache jamais mes critiques envers ND, mais il est vrai que j’ai toujours défendu le pluralisme.

    Il faut d’abord donner la parole à tout le monde, puis si lapeniche.net insiste, adapter le temps de parole à l’investissement militant ou au nombre d’élus.

  • jerome

    c’est quand meme dommage que ces types de nouvelle donne ne soient pas plus reconnus a leur juste valeur : leurs idees sont pas trop mal; et je le dis sans avoir jamais voté aux elections des syndicats.mais quand je vois la phrase sur la liberté des uns et celle des autres ou sur le moment stratégique : laissez sud continuer ou les stopper, je me dis quils ont raison.

  • Louis

    « Il y a d’autres moyens de se faire entendre: video buzz sur internet »
    Ah ah, on dirait les « piques niques de mobilisation » de l’UNEF. Tous ces moyens rigolos, sympathiques, amusants, ça fait des semaines qu’ils sont utilisés. Et qu’ils continuent de l’être, j’en veux pour preuve la représentation de la pièce « La soutenance de thèse de Valérie Pécresse » mardi prochain dans le petit hall. Mais il y a un moment où ils ne suffisent plus. Mais préférer une grève à un groupe Facebook, ça doit être de l’archaïsme…

  • Claire

    Je trouve normal de les interroger, quand on fait une interview des syndicats, on interroge TOUS les syndicats !

  • Jean

    Nouvelle donne et l’Uni étaient les seuls à tracter pour s’opposer à ce blocage sauvage au lendemain des évènements !

    Ils ont aussi été les premiers à réagir et à prendre officiellement position contre cette action !

  • Harmel

    Ils étaient là au moment du blocage mais quand quelqu’un d’autre que SUD ou l’Unef essayé de s’exprimer il se faisait hué personne ne pouvait l’entendre.

    Ces bloqueurs ne respectaient pas le dialogue, ils sont juste venus pour imposer leurs idées !