Avocat après Sciences Po : c’est désormais possible… malgré les grincements de dents des universitaires

De plus en plus d’étudiants à Sciences Po sont intéressés par une carrière d’avocat. Un obstacle majeur se dressait devant eux : il était nécessaire d’être titulaire d’un Master 1 ou Master 2 en droit d’une Université pour s’inscrire au concours de l’Ecole du Barreau.

Après des tractations longues et très difficiles, rencontrant une farouche résistance de la part de l’Université (certains articles incendiaires ont été publiés par des professeurs illustres dans des revues renommées), Richard Descoings vient d’annoncer que les diplômés de Sciences Po pouvaient maintenant présenter le concours, en vertu d’un arrêté paru ce week-end, sous réserve que leur master porte la mention « Droit Economique » ou « Carrières Judiciaires ». C’est une avancée remarquable, pour laquelle nous ne pouvons que féliciter toute la direction de Sciences Po !

Mise à jour du 11 avril : Il n’aura fallu que quelques jours pour que la réaction négative des universitaires se fasse entendre sur la toile et plus particulièrement sur les blawgs (= les blogs juridiques) de référence. Citons celui de Frédéric Rolin et celui de Dimitri Houtcieff.

Si l’on en croit Frédéric Rolin (auprès duquel nous nous excusons pour la disparition de son commentaire, celle-ci étant due non pas à de la censure mais à une rationalisation de billets), un brouillon de mail circule actuellement parmi les avocats et les profs de droit. Ce brouillon, que nous nous sommes procuré, que nous avons reproduit avant de finalement effacer pour la bonne et simple raison qu’il n’est qu’un brouillon, n’est ni plus ni moins qu’une pétition nous visant nommément. A croire que les universitaires n’ont aucune envie que les Sciences Po deviennent avocats…

17 Comments

  • aie

    humm,
    je trouve pourtant la raison évidente d’un rejet de la part des uiversitaires.
    L’iep paris a déjà le monopôle d’excellence en certaines matières exepté le droit et la formation des avocats. Les universités jsqu’à peu jouaient peut-être la concurrence entre elles. Mais là se faire voler la vedette par science po, c’est perdre un atout à jamais. Le prestige (tout est image) dont jouit cette école ne peut hélas mettre en concourrence les universités pauvres et disparâtres. A nous de prouver qu’être diplômé au milieu des pigeons n’empêche pas la réussite.

  • sam

    vous êtes jaloux de n’avoir jamais réussi le concours d’entrée à sciences po, rue saint guillaume, on a des profs brillants, des moyens confortables, on a pas cours au milieu des pigeons et des clochards comme à assas

  • Pourquoi tant de débat ?

    Si certains étudiants de sc po ont le niveau pour passer le barreau, pourquoi pas ?
    Il y a différent moyens de faire une carrière juridique on n’est pas obligés de passer par la fac.
    Oui pour l’ouverture des concours ! L’ENA par exemple n’est pas ouvert qu’aux étudiants ayant un certain cursus, mais aux étudiants des écoles comme de fac, alors pourquoi n’en serait-il pas pareil pour le barreau ?
    Ca doit etre le niveau qui détermine (or certains de sc po l’ont) et non le CV

  • Julien

    Nous allons, avec cette réforme, faire chapeauter par les grandes écoles, un des pôles de réussite de l’université française et risquer de ce fait de la mettre sous tutelle.
    De plus, le risque est grand de voir les écoles préparer non pas à la profession d’avocat mais au concours d’avocat avec simplement l’enseignement des matières du concours et sans l’importante culture juridique qui est enseignée dès L1 en université.
    C’est aussi une réponse aux "lobbies" des juristes en entreprise et de leur demande de secret des communication, jusque là réservée aux avocats : les écoles vont pouvoir former des conseils d’entreprises qui bénéficieront des "droits" des avocats (avec les dérives envisageables).

    Je précise que je n’ai rien contre les écoles, envisageant moi même d’en intégrer une. Reste que l’université doit être défendue et ces ingérences dénoncées !

  • xms

    assez d’accord avec Jean.

    Dans le style extrême, il est même possible de passer le barreau sans jamais avoir fait de droit. C’est le cas des étudiants de Dauphine, qui intègre le DESS de Fisca (reconnu comme un diplome juridique) après un cursus en gestion. Ils ne font du droit qu’à Cap Avocat, ce qui ne les empêche pas d’avoir le CRFPA. De là à en déduire que le CRFPA n’est qu’une parodie d’examen de droit,qui se résume à trois mois de bachotage, il n’y a qu’un pas aisément franchi…

  • Jean

    Je suis d’accod avec Frédéric Rollin quand il dit: "D’ailleurs, la tradition d’échanges entre Sciences-po et les Facultés de droit est déjà ancienne et ne demande qu’à être approfondie."

    J’attendais plutôt de la part de Sciences Po que les doubles diplomes avec la Fac soient généralisés dans les Master droit éco et carr jur., parce que là ça rend notre formation en droit franchement peu lisible pour les cabinets.

    Je pense aussi que 3 semestres d’enseignement, c’est trop peu. Si Sciences Po avait vraiment l’ambition de former des juristes, il ne faudrait pas le faire à moitié. la période de remise à niveau de 3 semaine devrait durer 1 semestre (intro au droit, institutions, droit des oblig, droit administratif + troncs commun).

  • Frédéric Rolin

    Comme je vous l’indiquais hier, la version définitive de notre appel est désormais en ligne sur mon blog. Elle a déjà recueilli plus de 60 signatures

    Cordialement.

    Frédéric Rolin

  • mmm

    Enfin on peut déplorer qu’il faille que l’université soit payante (et chère) et pas très publique pour qu’elle soit performante
    Ce que déplorent les profs de droit, ce n’est pas que ScPo envoie des gens (après tout le concours est le même) , mais qu’en payant, les mecs de pipo soient mieux formés que ceux de fac. C’est ça que ca signifie "jouer à un autre niveau d’un pt de vue financier" non? Faire payer les élèves et s’associer au privé….efficace mais pas très reluisant…enfin les temps changent…

    j’ai rien contre les terminales d’Ipesup par exemple, mais je préfère l’école publique, gratuite et républicaine ^^

  • tref'

    Il faut dire que ça fait un deuxième coup dur à l’université après la fuite vers Sciences Po de Christophe Jamin. Déjà que celle de Marie-Anne Frison-Roche avait fait plus que grincer des dents…
    Jaloux, va !

    En même temps on peut les comprendre : se faire voler non seulement les profs mais désormais les concours par une école qui joue à un autre niveau d’un point de vue financier, c’est dur.

  • David

    Si on se fait accepter en M2 dans une université (Paris II Assas, par exemple), après un Master de Sciences Po (en Affaires Publiques, disons), on peut même passer le barreau avec DEUX semestres de droit derrière soi (plus le DPu de AP).

  • Marion

    En effet… C’est marrant cette réaction, si les étudiants de scpo réussissent le concours c’est qu’ils ne sont pas plus mauvais que les autres, ou bien le concours n’est pas adapté aux attentes du métier. Par ailleurs si je ne me trompe pas on peut tenter ce concours avec un master de droit sans avoir forcément la licence, ce qui ne correspond qu’à 4 semestres, presque comme les masters de scpo. Et puis ils oublient que pour certains on fait déjà du droit en 1er cycle même si ce n’est peut être pas du même niveau qu’à l’université.

  • Jérôme

    @ Dagr : Je viens d’ajouter dans le billet le lien vers le blawg de Frédéric Rolin, professeur de droit public à l’Université de Paris X Nanterre.

  • Dagr

    Le mieux serait que les étudiants de scpo réussissent sans problème l’exmen du barreau. Là j’imagine que les universités seraient vraiment furieuses ! Mais bon tant pis pour elles.

    J’aimerais bien, toutefois, lire un ou deux des articles "incendiaires" des universitaires ! Personne n’a de lien ? Ou de nom de personne, ou de titre de journal ou ou ou… ?